La commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur la gestion du Covid-19 est pour certains l'occasion de vider leur sac. Auditionnés tour à tour mercredi 8 juillet, les responsables des fédérations hospitalières ont pointé du doigt le rôle joué par les agences régionales de santé (ARS) pendant la crise.
Égrainant dans son propos liminaire les « choses qui ont bien fonctionné » et les « points à améliorer » du système de santé, Frédéric Valletoux, le président de la Fédération hospitalière de France (FHF), a fait état de la « faiblesse des ARS dans leur représentation départementale ». Un défaut qui a « très clairement sauté aux yeux lors de cette crise ».
Il regrette l'éloignement qui peut exister entre les sièges des ARS et les territoires, « surtout dans les très grandes régions ». Selon le responsable, cette distance entrave leur capacité de coordination. Le maire de Fontainebleau (Seine-et-Marne) donne en exemple l'organisation de la sécurité civile basée sur les départements, plus efficiente. À la faveur de la crise, il plaide pour un pouvoir de décision accru donné aux élus locaux, plus à même selon lui de coordonner les forces vives. « Au cœur de l'épidémie, je pouvais avoir au téléphone le directeur de mon hôpital quatre fois dans la journée si je le souhaitais mais je n'ai jamais été en contact avec l'ARS », relate l'édile.
Bureaucratisation
« En termes de réponse coordonnée et organisée, nous avons eu beaucoup de problèmes avec les ARS », a abondé le Dr Jean-Marie Woehl, président de la commission médicale d'établissement (CME) des hôpitaux civils de Colmar. L'interniste cite notamment les opérations de transfert de patients qui devenaient « un vrai problème quand l'ARS s'en est mêlée ». Il reproche à l'instance d'avoir prévenu au dernier moment de la possibilité d'un transfert alors que choisir le malade et le préparer représente pour les équipes hospitalières « un travail phénoménal ».
« Ce n'est pas une diatribe anti ARS, tempère toutefois Frédéric Valletoux, c'est tout le système qui tend vers une bureaucratisation poussée à l'extrême. » Encore une fois, le maire de Fontainebleau appelle à « faire confiance aux acteurs » et à s'affranchir du système actuel, « tellement administré qu'il en est devenu infantilisant ».
Passé sur le gril juste après son homologue du public, le président de la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP) Lamine Gharbi a lui aussi critiqué le fonctionnement des ARS. Le patron des cliniques, ce n'est pas nouveau, juge les agences trop favorables au secteur public.
Il se souvient notamment du cafouillage en tout début d'épidémie dans le Grand-Est où, faute d'une coordination efficace, les lits de réanimation des établissements privés étaient restés vides. « Les ARS ont la tutelle des établissements publics, elles sont donc juge et partie, ça peut quelquefois créer des confusions », affirme-t-il. C'est pourquoi la FHP veut replacer les agences dans une position d'« arbitre entre un secteur privé et un secteur public ».
Toujours prudent dans ses critiques, Lamine Gharbi s'est lui aussi voulu rassurant quant au rôle des ARS pendant la crise. « Si elles n'avaient pas été là, ça n'aurait pas fonctionné », affirme-t-il avec force.
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