J'ai les mêmes souvenirs que ce " Dinosaure", le Dr Béracassat («Comment en est-on arrivé là ?», «Le Quotidien» du 9 juillet, p. 10) concernant l'hôpital d'hier et le respect qu'avait les directeurs vis à vis des Internes nommés par Concours.
Notre système de santé était envié de tous. Comment en est on arrivé là? Par le plein temps transformant les médecins hospitaliers en fonctionnaires aux ordres de l'administration obligeant les fortes têtes à partir!
En effet, les Lois de 1958 (plein temps), les lois Savary (1982 - 1984) sur l'université, les ordonnances Juppé de 1996, les lois Kouchner de 2002 et la loi HSPT de 2011 ont créé de nouveaux organismes qui paralysent les soignants. Qui connaît le rôle de tous ces organismes qui souvent se contredisent et entraînent une inflation de dépenses inutiles ? Pour le profane, les sigles, tous plus mystérieux les uns que les autres, se multiplient. Ils rendent notre vocabulaire incompréhensible. Les acteurs de ces organismes sont animés par la même pensée négative sur la médecine libérale.
Certains de nos collègues quittent le pays sans bruit pour aller développer les progrès qu'ils ont mûris dans leur expérience en France et rejoignent des hôpitaux étrangers où les chirurgiens sont plus respectés.
C’est un miracle que d’autres « s’accrochent toujours » pour que le drapeau de notre corporation flotte encore au vent. Qui s'en rend compte et qui le regrette au pays de l'égalitarisme béat et du « toujours plus de gratuit » ? Ce sont nos patients ! Ces exigences, attendues par ceux qui se confient à nous, sont très bien comprises par nos malades. Certains nous gratifiaient encore au delà des honoraires versés, parfois de cadeaux que la loi a eu l'outrecuidance d’imposer car ils sont assimilés aux avantages en nature.
Ces attentions de la part de nos patients nous touchaient profondément par leur valeur émotionnelle bien plus que par leur valeur marchande. Elles traduisent sans parole la confiance et l'estime qui nous sont prodiguées en regard des attaques récurrentes contre la profession.
Certains opérés le comprennent, ou pour le moins ceux qui reconnaissent encore que leur chirurgien est un maître d'œuvre de leur santé, travaillant pour les sauver ou les soulager.
Un texte écrit par Philippe Bouvard et que j’ai réinterprété à ma façon illustre cette situation.
« Rendez-nous nos élites médicales, car nous avions la meilleure médecine du monde. Abandonnez ce numerus clausus sévère qui ouvre les vannes d'arrivée de médecins venus d’hors hexagone. Fidélisez nos jeunes médecins qui ne veulent pas aller dans les déserts où déjà crèches et services sociaux ont péri. Nos enfants qui se battent pour leurs diplômes partent à l'étranger.
Il leur appartient de vous demander de vous en rendre compte, obligés qu'ils sont de s'expatrier pour travailler sous des cieux plus radieux et être moins taxés.
Nos internes sont à bout, harassés par les gardes et les nuits sans sommeil. Devenus "Dr Juniors" ils ne pourront plus opérer avant la 4ème année! Défendez notre médecine libérale pour permettre un accès aux soins à nos malades de plus en plus anxieux ! Prenez garde, car demain dans notre beau pays il n’y aura plus que des gueux. France je t’aime mais désolé, je vais être obligé de te quitter car tu n’as pas su nous protéger. « La santé, économie de l'avenir, peut-être ! » « La chirurgie, non ! »(Extrait de mon livre Chirurgie chronique d'une mort programmée)
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