L’erreur est humaine. Le médecin est un humain. Donc un médecin peut se tromper. Bien qu’imparable, ce syllogisme est longtemps resté difficile à admettre pour bien des blouses blanches, qui se voyaient (et que les patients voulaient voir) comme des êtres à part, infaillibles, en connexion directe avec les lois de la nature. Cette mentalité, aussi délétère pour le praticien que pour le public, est fort heureusement en voie d’extinction : s’il est encore nécessaire d’en combattre les séquelles, elle appartient en grande partie à un passé révolu.
« Depuis la loi du 4 mars 2002 sur le droit des malades, le corps soignant a intégré la possibilité de l’erreur médicale, juge ainsi Marie-Solange Julia, présidente de l’association Aide aux victimes d’accidents médicaux (Aviam). Ils savent pertinemment qu’à un moment ou un autre de leur carrière, ils auront probablement à répondre de leur prise en charge devant une commission, cela fait désormais partie de leur métier. »
Corriger l’erreur plutôt que la nier
Même appréciation chez la Dr Marie-Christine Moll, directrice scientifique de l’association « La prévention médicale », spécialisée dans la gestion des risques médicaux. « Il est certain que beaucoup de professionnels peuvent encore avoir des difficultés à vivre la possibilité de l’erreur, mais ils sont tout de même depuis une bonne dizaine d’années incités à identifier les situations problématiques, à comprendre ce qui a pu y conduire et surtout à agir pour éviter leur reproduction », estime-t-elle. Et la spécialiste de citer, entre autres facteurs favorables, le développement de check-lists, ou encore de la simulation en santé.
Autre facteur important : les nouvelles générations de médecins, contrairement aux précédentes, n’entendent pas faire de leur métier le seul et unique centre de leur vie, ce qui modifie aussi, de fait, leur perception de la problématique de l’erreur médicale. « Ils ont envie d’avoir une qualité de vie qui ne repose pas que sur leur travail, décrypte la Dr Moll. Ils pensent à l’erreur médicale, bien sûr, mais il n’est pour eux pas question que cela leur gâche la vie. » Une relation plus distanciée, et plus saine, en somme, vis-à-vis de la possibilité pour un médecin de se tromper.
Prendre le temps
Mais bien que du chemin ait été parcouru depuis l’époque où les médecins se croyaient, dans leur grande majorité, infaillibles, des progrès restent possibles. « Le problème, c’est que le système étant ce qu’il est, les médecins n’ont bien souvent pas le temps d’aller voir les familles, de discuter, d’échanger lorsqu’un problème survient, remarque Marie-Solange Julia. Je suis persuadée que beaucoup de dossiers n’arriveraient pas devant les commissions d’indemnisation si les médecins avaient eu le temps d’avoir un dialogue constructif avec les patients. »
La Dr Marie-Christine Moll, de son côté, constate que la déclaration d’évènements indésirables graves pourrait largement être améliorée. « Je fais partie d’un groupe à la Haute Autorité de santé chargé d’analyser ces évènements pour identifier les situations à risque, explique-t-elle. Or quand je compare le nombre de dossiers qui nous remontent à ce qui se passe sur le terrain, que je connais pour avoir longtemps exercé en établissement de santé, il ne peut y avoir qu’une sous-déclaration. » Les vieux tabous ont parfois la peau dure !
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