Les expressions « souffrance au travail » ou « épuisement professionnel » se sont, ces dernières années, taillé une place importante dans les conversations entre soignants : que l’on parle de ce qui arrive aux collègues ou des pathologies qui concernent les patients, ces phénomènes sont malheureusement devenus familiers pour les blouses blanches. Quelles en sont les causes, en quoi se présentent-ils de manière spécifique dans le secteur de la santé, quelles sont les réponses que l’on peut y apporter ? Pour répondre à ces questions, le regard du médecin ne suffit pas. Car dans les termes qui forment les expressions « souffrance au travail » et « épuisement professionnel », c’est à chaque fois le second, en lien avec l’environnement de travail, qui semble déterminant. D’où la nécessité de chercher (aussi) du côté de la sociologie et de la psychologie du travail. Deux spécialistes de ces questions auscultent pour « Le Quotidien » le malaise des soignants.
Danièle Linhart : une spécialiste du travail et des évolutions managériales.
Cette sociologue et directrice de recherche émérite au CNRS est l'auteur de L'insoutenable subordination des salariés, son dernier ouvrage, qui est paru aux éditions Erès en 2021. Elle y critique les nouvelles méthodes de gestion des ressources humaines. Sous couvert d’une humanisation et d’une personnalisation du lien entre l’employé et l’employeur, ce mode de management actuel ne fait, explique-t-elle, que renforcer la domination du premier sur le second.
« Il y a peut-être dans la santé une exacerbation de ce qui conduit à la souffrance au travail »
Marie Pezé : une thérapeute experte en souffrance au travail
Psychologue et psychanalyste, elle est l’initiatrice de la première consultation « Souffrance au travail » au Centre d'accueil et de soins hospitaliers de Nanterre (Hauts-de-Seine) en 1997. Elle travaille notamment sur les problèmes de harcèlement, de violences faites aux femmes, et de burn-out. Elle est d’ailleurs l’autrice du Burn-out pour les nuls, paru aux éditions First en 2017, et elle est responsable du Réseau Européen de consultations « Souffrance et travail ».
« Je suis parfois contente de voir des soignants s’en aller, car sinon ils risquent de se tuer »
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