Un sacré virage négocié à quarante ans ! Aguerrie au monde de la santé avec quinze années de direction d'hôpital, Hélène Garreau-Tourneur a changé de cap pour exercer la médecine. Huit ans après la reprise de ses études, la future généraliste effectue, depuis un mois, des remplacements en Maine-et-Loire. Et dans six jours, elle passe sa thèse ! Entre finances et soin, la presque médecin est heureuse d'avoir fait le choix. Un parcours atypique relaté dans un drôle et émouvant blog : "Nouveaucapmédecine".
Un blog pour partager son expérience
Dotée d'une jolie plume qui joue aussi bien de l'humour que des émotions, Hélène Garreau-Tourneur a réussi à partager quelques moments clés de sa reconversion dans son blog resté assez confidentiel : "Nouveaucapmédecine : Ou comment j'ai fait médecine à 40 ans". Et comme la boucle sera bouclée très prochainement avec la présentation - le 15 décembre- de sa thèse, la future généraliste ferme son blog à la fin du mois. D’ailleurs, pour laisser une petite trace, à ceux qui l'ont toujours soutenue, Hélène Garreau-Tourneur vient d'éditer une centaine d'exemplaires d'un ouvrage constitué à partir du contenu de son blog. « Il n'y a pas de business », rassure-t-elle en riant.
Grand écart
Celle qui a échoué au concours de médecine après le bac (1992-1993) et avait alors intégré l'École des hautes études en santé publique, a exercé pendant quinze ans les fonctions de directrice d'établissements sanitaire et médicosociale, au sein de deux hôpitaux de proximité du Maine-et-Loire. Une expérience qu'elle a vécue avec « enthousiasme », confie-t-elle.
Mais en 2015, à la quarantaine… petite remise en question et bilan de compétences. « Pas forcément parce que je voulais changer de métier, mais parce que je voulais être un peu plus proche de mes valeurs… Car quand on exerce en tant que directeur d'établissement de santé, on fait un peu le grand écart entre les finances et les valeurs humanistes… », analyse aujourd'hui l'interne en fin de formation.
Cap sur la procédure Passerelle
Fin prête « à renouer avec le soin de manière plus directe », Hélène Garreau-Tourneur, découvre alors, la procédure Passerelle. Créé en 1993 pour une potentielle reconversion médicale, le dispositif permet aux titulaires d'un Master 2 ou d'une thèse de doctorat, de déposer un dossier auprès de la faculté de leur choix. « Ce n'est pas un passe-droit mais une vraie sélection, un peu comme une procédure de recrutement, car à l'arrivée une personne sur dix est retenue… », précise celle qui, toujours soutenue par ses proches, a osé changer de cap. « On est méritant d'une autre façon » souligne-t-elle. Un chamboulement il est vrai, familial, organisationnel et bien sûr financier. « C'était dur. Mais si c'était à refaire, je le referai, sans aucun doute ! », affirme avec conviction la future généraliste.
Contrat d'engagement de service public
Ainsi, la grande aventure a commencé pour Hélène Garreau-Tourneur, dès septembre 2015 à la fac d'Angers où elle intègre la deuxième année de médecine. « Avec mes vingt ans de plus, s'ils trouvaient au début, mon parcours curieux, je me suis fait facilement une place auprès des plus jeunes. » Et, comme tout un chacun, l'étudiante en reconversion enchaîne examens, stages et gardes en Mayenne, dans la Sarthe… Dès la troisième année, pour payer, en partie, ces études longues, Hélène Garreau-Tourneur a signé un contrat d'engagement de service public (CESP). Ce qui implique des remplacements dans une zone de désert médical pendant la durée du financement. De fait, depuis un mois, l'interne en fin de formation, remplace plusieurs jours par semaine, quatre médecins dans le même cabinet situé dans les Mauges (zone plutôt rurale dans l'ouest du Maine-et-Loire). À terme, l'idée est de prendre la relève de l'un d'eux, qui, en avril prochain, fera valoir ses droits à la retraite. « Arriver ainsi, dans une maison de santé qui tourne déjà bien, me convient parfaitement. Il y a beaucoup de travail qui nous attend tous ! Car plusieurs retraites se profilent. Et pour le moment, il n'y a que moi qui arrive. Mais pour un chouette service rendu à la population… », s'enthousiasme encore celle qui confie : « j'ai acquis une connaissance du tissu professionnel qui me sert. Mais parfois, il faut que je pense à rester bien centrée sur la prise en soin individualisée et personnelle, avec les patients que je reçois en cabinet. C'est ce que je préfère dorénavant ».
Ce que l’on sait du vol de données de santé de plus de 750 000 patients d’un établissement francilien
L’Igas veut inciter tous les hôpitaux à déployer des actions de prévention primaire
À l’hôpital psychiatrique du Havre, vague d’arrêts de travail de soignants confrontés à une patiente violente
« L’ARS nous déshabille ! » : à Saint-Affrique, des soignants posent nus pour dénoncer le manque de moyens