Hospitaliers et libéraux peuvent-ils s'organiser, dans un cadre rénové, pour répondre ensemble à la mission de service public de permanence des soins, notamment en établissement de santé (PDS-ES) ? Cette question était au cœur d'une table ronde, dans le cadre des universités d'été de la Fédération hospitalière de France (FHF), mercredi 6 septembre à Paris.
Au reproche parfois adressé aux praticiens libéraux de ne pas prendre leur part des gardes, le Dr Antoine Leveneur, président de la Conférence nationale des unions régionales de professionnels de santé-médecins libéraux (URPS-ML) a répliqué par une réponse cinglante. « Sur 350 lignes de PDS fermées en 2022, 317 concernaient des établissements privés ! recadre le généraliste. Cette question est vécue comme du poil à gratter. On a dit aux médecins libéraux qu’on n’avait pas besoin d'eux, ça a été mal vécu. Donc, ce discours selon lequel ils ont déserté la garde fait tousser… »
Pour gérer la crise, il sera « nécessaire d'optimiser les ressources médicales », admet-il, tout en soulignant que les médecins n'ont pas attendu pour s'organiser à travers le maillage des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). Et d'appeler à mettre en musique tous ces collectifs pour que « la population ne soit pas en déshérence aux heures de la permanence des soins ».
Empilement
Amélie Verdier, directrice générale de l'ARS Île-de-France et présidente du collège des DG d'ARS, évoque les changements à venir. « Nous allons revoir le schéma de la PDS en établissement de santé [PDS-ES] et tenir compte des évolutions dans les projets régionaux de santé pour faire un inventaire et une mise à plat. Nous sommes aujourd'hui sur un empilement réglementaire ». L'objectif est notamment de revoir l'équilibre des autorisations pour délivrer une réponse graduée de l'offre de soins et sécuriser les lignes de garde. Les unités mobiles de télémédecine et la mobilisation directe d'infirmiers par les Samu pourraient procurer des renforts précieux, tout comme la réorganisation des transports urgents.
L'agence technique de l'information sur l'hospitalisation (Atih) devrait établir de son côté un diagnostic précis, grâce à une cartographie de la PDS sur les territoires, explique Marie Daudé, directrice générale de l'offre de soins (DGOS). Des appels à candidatures devraient suivre, l'objectif étant de travailler sur des schémas collectifs basés sur la mutualisation des pratiques. « La loi Rist a posé les bases d'une responsabilité collective, rappelle Marie Daudé. La proposition de loi Valletoux installe d'autres briques afin que des libéraux puissent participer à la PDS. » Le nouveau schéma définitif de la PDS devrait entrer en vigueur à l'été 2024.
« Copil » régional ?
Une solution dans le cadre de cette réorganisation de la PDS territoriale serait d'installer une instance de suivi et d'évaluation, un « copil » régional rassemblant fédérations, CME des établissements hospitaliers concernés et représentants des URPS. La situation n'est pas si dramatique, nuance toutefois Amélie Verdier. « Par exemple, six de nos 16 GHT en Île-de-France ont déjà des partenariats avec des structures privées. Il faut du volontariat incitatif. »
À bas le mille-feuille administratif, renchérit Marie Daudé (DGOS) qui met en avant « la remise à plat d'un service qui ne marchait pas ». La nouvelle donne en matière de PDS est attendue par les associations de patients. « Il faut se hâter, estime Gérard Raymond, président de France Assos Santé. Et il va falloir suer un peu pour y parvenir. »
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