Le réalisateur du documentaire « États de choc », Kevin Enhart, a tourné la plupart des images à l'hôpital André Grégoire à Montreuil et au GHI Le Raincy-Montfermeil en Seine-Saint-Denis.« J’ai essayé de comprendre ce qui a fonctionné ou pas durant la crise, comment les soignants ont vécu la pandémie », a-t-il expliqué lors d'une avant-première au Sénat, le 20 février, devant plusieurs protagonistes du film — l'infectiologue Karine Lacombe, l'épidémiologiste Dominique Costagliola, l'urgentiste Mathias Wargon ou encore le généraliste Christian Lehmann.
Ce dernier souligne dans le documentaire que les professionnels avaient « beaucoup d’inquiétudes » au début de la pandémie car « on ne connaissait pas le mode de contamination », à l’heure où le nombre de morts explosait dans certains pays voisins. Pneumologue au GHI Le Raincy-Montfermeil, le Dr Jacques Piquet se souvient aussi que les praticiens qui « ne connaissaient pas les traitements ne savaient pas s’il fallait intuber ou pas, utiliser ou pas l’hydroxychloroquine ». Des soignants au front exposés parfois à « la pression des familles qui suppliaient les médecins d’utiliser l’hydroxychloroquine », rappelle le médecin. « Le rationnel de la médecine, qui était un peu notre fierté, disparaissait complètement », évoque-t-il.
Plusieurs traitements ont fini par se révéler inefficaces, abonde le Dr Vincent Das. Le chef du service de réanimation à André Grégoire a lui aussi connu une première phase « sans certitude sur les traitements à apporter ». Au départ, « les patients intubés avaient une mortalité très élevée, même s’ils n’avaient pas de pathologie particulière », raconte le médecin réanimateur qui a très vite « essayé de ne pas intuber ».
Toutes ces épreuves ont laissé des traces dans l'esprit des soignants confrontés brutalement à « une multiplicité de morts », explique le Dr Das qui a vu « des infirmiers très solides, des vieux de la vieille, s’effondrer, se mettre à pleurer suite à un décès». Au point que certains d’entre eux finiront par jeter l’éponge.
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