Tombés le 15 avril, les résultats du concours national de praticien hospitalier (PH) font polémique. Le syndicat Jeunes Médecins affirme que « des dizaines » de médecins recalés à ce concours expriment leur incompréhension et leur colère face à un refus jugé « arbitraire », « injuste » et « honteux ».
« Malgré les années de service rendu dans leur établissement et leur abnégation sans faille dans le contexte épidémique et post-épidémique, ils n’ont pas été admis au concours de praticien hospitalier sans, pour certains, en connaître les raisons exactes. Il semble que certains jurys du concours aient mis en avant des attendus ne relevant en rien des prérequis nécessaires », avance Jeunes Médecins.
Raisons « non objectives » ?
Selon le syndicat du Dr Emanuel Loeb, certains candidats au concours de PH n'ont pas été reçus « pour un nombre insuffisant d’articles scientifiques publiés » alors qu'ils assurent par ailleurs une dizaine de gardes tous les mois, ou encore parce qu'il leur manquait « une lettre de recommandation pour un service ».
Alors pourquoi ? J'en suis réduis aux conjectures : on m'a fait remarquer que je n'avais qu'une seule publication d'article à mon actif (mais mes 3-4 gardes semaine depuis 3 ans, on s'en fiche visiblement). Les patients seront contents d'apprendre ça. /7
— Toubib ? | Just A Word ? (@NightHaunter) April 15, 2022
Un autre médecin évoque des refus motivés par l'absence de diplôme inter-universitaire (DIU) pour des candidats en médecine générale.
Hier au concours PH pas mal de généralistes ont été plantés.
— Qffwffq (@qffwffq) April 16, 2022
Après en avoir discuté avec plusieurs d'entre eux, un des motifs déclaré pendant l'entretien devant jury est l'absence du DIU de médecine polyvalente.
Problème, le responsable de ce DIU était chef de l'un des jurys.
Dans ce contexte, le syndicat Jeunes Médecins a décidé de saisir le Centre national de gestion (CNG, responsable du concours) « pour avoir l’assurance qu’aucun candidat n’a été refusé pour des raisons non objectives ou dépourvues de tout lien avec l’objectif du concours ». « À l’heure où l’hôpital public est en crise faute de personnel médical, il est primordial d’être attentif à la considération que l’on accorde aux candidats si l’on veut éviter leur fuite dans les établissements privés », alerte la structure.
Jury « souverain »
Contacté ce jeudi par « Le Quotidien », le CNG confirme avoir été saisi, pour l'instant seulement par Jeunes médecins, au sujet des résultats du concours de PH.
Pour autant, il fait valoir que « le taux de réussite observé au concours » – de 90,43 % exactement – ne présente « aucune atypie ». « Il est totalement normal que des candidats ne soient pas admis, notamment dans une spécialité, la médecine générale, où ils étaient deux fois plus nombreux que les années précédentes », ajoute le CNG. Pour cette session 2022, 6 381 médecins étaient inscrits, un chiffre en hausse « très significative » (+ 33 %), indique le CNG.
Ce dernier affirme avoir « tout mis en œuvre » pour que ce concours se déroule « dans des conditions assurant l’égalité de traitement entre les candidats ». « Selon un principe fondamental du droit des concours et une jurisprudence constante, sauf en cas d’erreur matérielle, un jury est souverain et n’a jamais à justifier sa notation », recadre le CNG.
Un retour d’expérience est prévu sur cette session du concours (dont les modalités ont changé à la suite du Ségur de la santé) afin d'entendre « toutes les expressions » dans le respect des principes « de souveraineté et d’indépendance » des jurys.
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