LE QUOTIDIEN : En quoi votre service de chirurgie orthopédique se distingue-t-il dans le paysage hospitalier français ?
Dr SIMON MARMOR : Notre service va fêter ses quarante ans. Cela fait une quinzaine d’années qu'il s'est distingué dans le paysage à travers une croissance d’activité régulière et une hyperspécialisation. Nous opérons plus de 1 900 prothèses de hanche et 850 prothèses de genou par an ; c’est la plus grosse activité de France. En chirurgie du pied et de la cheville, nous opérons environ 1 200 personnes par an. C'est sur ces trois activités que nous arrivons, depuis une dizaine d’années, parmi les premiers des palmarès. Par ailleurs, nous sommes depuis 2008 reconnus comme centre de référence pour les infections ostéoarticulaires, c’est le seul du genre dans le secteur privé.
Mais ce classement n'est pas quelque chose que nous cultivons. Les palmarès ne changent pas notre prise en charge ou notre rapport au patient. On ne travaille pas pour être numéro un. Cela fait toujours plaisir, c'est certain, mais c’est aussi une place très compliquée car il n’y a que deux façons d’évoluer : rester premier ou reculer !
Comment expliquez-vous cette reconnaissance ?
C’est avant tout le succès des équipes médicales et paramédicales. La clé de la réussite, c’est l’organisation. Tout doit être parfaitement huilé pour simplifier le parcours du patient et sa prise en charge. L'autre élément, c’est l’homogénéité des pratiques. Nous sommes dix chirurgiens dans le service, il est essentiel que les techniques chirurgicales et les prises en charge soient parfaitement homogènes et reproductibles.
Par exemple, la plupart des prothèses de hanche sont faites par voie antérieure. Il est hors de question qu’un chirurgien fasse d’une autre manière. Les implants sont les mêmes pour tous les praticiens. Toutes les prothèses de genou sont implantées avec une assistance informatique... Plus la technique et le choix des implants sont homogènes, plus l’expérience collective et la prise en charge paramédicale est améliorée. Si les chirurgiens ont des pratiques homogènes, les paramédicaux s’y retrouvent et sont eux-mêmes plus performants. Tout le monde est impliqué, les cadres comme les infirmières et même les secrétaires.
Qui veille à l’homogénéité des pratiques ?
Le chef de service bien sûr mais aussi l'ensemble de l’équipe. C’est une philosophie qu’on partage. Lorsqu’on veut introduire une nouvelle technique, un ou deux chirurgiens la testent et l’évaluent. On décide ensuite collectivement de l’adopter ou non. Nous veillons à être très attentifs au retour des patients. Ce sont eux qui nous donnent le résultat non seulement fonctionnel mais aussi organisationnel. Tout cela nous permet d’évaluer très vite si une innovation doit être implantée.
Le statut d’ESPIC [établissement de santé privé d'intérêt collectif, NDLR] permet aussi cela. Ce sont des établissements à taille humaine avec une réactivité importante, un projet médical fort et une capacité d’organisation particulièrement intéressante. Il y a un dialogue constant entre les équipes médicales, paramédicales et la direction.
Nous avons enfin la chance d'avoir des internes dans le service et un poste d’assistant spécialiste afin d’identifier les praticiens qui pourraient intégrer l'équipe plus tard. Il y a une idée très forte de compagnonnage qui se poursuit au-delà de la fin des études. C’est un partage constant entre les plus jeunes et les plus expérimentés.
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