Le CHU de Rennes est « à la limite de la saturation » malgré la situation épidémique moins dégradée en Bretagne que dans le reste de la France, a alerté mardi sa directrice, en appelant les établissements privés à la solidarité. « On est vraiment à la limite de la saturation de nos possibilités de prise en charge, avec un niveau de déprogrammation (d’opérations chirurgicales, NDLR) déjà élevé de 25 % », a mis en garde Véronique Anatole-Touzet, DG du CHU au cours d’une conférence de presse.
« Même si la Bretagne a été […] relativement épargnée, ça n’a jamais été le cas en Ille-et-Vilaine », a souligné Véronique Anatole-Touzet, évoquant une quasi-saturation des lits, avec un doublement des patients Covid hospitalisés entre janvier et mars. « La très forte mobilisation depuis plusieurs mois épuise les équipes, qui doivent tenir dans la durée », a-t-elle aussi souligné.
Proportion et équité
La directrice a ouvertement appelé à la solidarité des établissements privés, notamment ceux à but lucratif, alors que l’agence régionale de santé (ARS) avait appelé vendredi à de nouvelles déprogrammations d’opérations pour augmenter les capacités en réanimation. « Il faut que le niveau de déprogrammation touche de manière proportionnelle l’ensemble des établissements. Ce n’est pas le cas aujourd’hui […] Le CHU ne peut pas être l’établissement qui déprogramme le plus, ce qui a été le cas jusqu’à aujourd’hui », a-t-elle insisté.
L’objectif du CHU est « d’éviter d’avoir à déprogrammer des patients de recours », c’est-à-dire qui relèvent de spécialités que le CHU est le seul établissement à pouvoir prendre en charge (chirurgie cardiaque et neurochirurgie notamment), a-t-elle insisté. « Et ça devient très, très compliqué », a encore prévenu la directrice.
Pas de baguette magique
« On ne crée pas des lits de réanimation d’un coup de baguette magique », a abondé Jean-Yves Gauvrit, président de la commission médicale d’établissement (CME) du CHU de Rennes, expliquant que cela nécessitait de diminuer l’activité des blocs opératoires. « On est très inquiet par ce qu’on voit arriver » au mois d’avril, au vu des indicateurs épidémiques, a-t-il ajouté.
Le CHU a déjà dû fermer sept blocs opératoires pour créer des lits de réanimation et « la chirurgie cardiaque est maintenue au prix d’efforts considérables », a expliqué Eric Wodey, directeur médical de crise pour le plan réanimation. « On est à 83 lits de réanimation, a-t-il ajouté. On peut aller jusqu’à 104 mais ça veut dire 50 % des blocs opératoires fermés. S’il faut le faire, on le fera. Mais il ne faut pas que ça dure longtemps. »
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