Le Pr Émile Daraï, gynécologue-obstétricien à l'hôpital Tenon (AP-HP) et spécialiste de l'endométriose, ne participera finalement pas au congrès Paris Santé Femmes (PSF), a annoncé ce mardi l'organisateur, le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF). Une décision prise pour « préserver le plus grand congrès annuel français consacré à la santé des femmes », précise le CNGOF.
Le médecin spécialiste, visé par plusieurs plaintes pour viol et sous le coup d'une enquête pour violences obstétricales depuis l'automne 2021, était au cœur d'une polémique qui enflait depuis plusieurs jours sur les réseaux sociaux. L'ancien chef de service, mis en retrait de ses fonctions en décembre, devait en effet intervenir lors de ce congrès pour deux communications sur les actualités en sénologie et le cancer du col de l'utérus.
Colloque de la honte
La participation du Pr Daraï avait été repérée par plusieurs organisations féministes, dont le collectif « Stop aux violences obstétricales et gynécologiques ». Un appel à manifester devant le centre de convention de la porte de Versailles à Paris, où se déroule le congrès (du 11 au 13 mai), avait été lancé avec le mot-clé #ColloqueDeLaHonte.
« Paris Santé Femmes » du @CNGOF = le #ColloqueDeLaHonte❗️
— Stop aux Violences Obstétricales&Gynécologiques (@StopVOGfr) May 9, 2022
⛔️ Pr Daraï visé par 25 plaintes au pénal, va intervenir dans le plus gros congrès francophone de gynéco @congrespsf
? RDV CE MERCREDI 8h30 devant l'entrée ! Partagez largement ?https://t.co/DvTnqtKOwg?
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« Paradoxe »
La présence du Pr Daraï avait également été dénoncée par le Collectif interassociatif autour de la naissance (Ciane), qui regroupe des associations de parents et d’usagers concernés par la grossesse, l’accouchement et les premiers jours de la vie. Ce dernier rappelait que le rapport de la commission d’enquête interne de l’AP-HP et de Sorbonne Université (dont a fait partie la Pr Alexandra Benachi, vice-présidente du CNGOF) avait conclu au non-respect de « l’obligation d’information des patientes, le soulagement de leur douleur, le respect de leurs volontés » (sans retenir toutefois de connotation sexuelle). « Les congrès professionnels doivent mettre en avant des soignants experts dans leur spécialité, mais (...) aussi parfaitement respectueux dans les relations qu’ils entretiennent avec leurs patients(e)s, recadrait le Ciane. (Le) choix d’un orateur dont les pratiques ont été désavouées par une commission où siégeait un des dirigeants du CNGOF est un paradoxe pour le moins difficile à appréhender. »
Pas condamné
« Conscient de l’émoi suscité », le CNGOF avait justifié jusque-là la présence du Pr Daraï par le fait que ce dernier n’avait pas, « à ce jour », été condamné par la justice française et qu'il continuait à consulter, « à publier » et à « être invité » dans les congrès internationaux en tant que « spécialiste reconnu de gynécologie ».
Le gynécologue-obstétricien a finalement décidé d'annuler sa participation au congrès parisien de lui-même. Il est – pour l'instant – encore prévu au programme du 6e Congrès européen sur l'endométriose, prévu les 16 et 17 juin à Bordeaux.
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