Il n'y a pas que dans les hôpitaux publics que l'été s'annonce difficile. Le Synerpa, principal syndicat des Ehpad privés, a réclamé mercredi « un plan d'urgence » pour s'assurer que le secteur puisse recruter suffisamment de personnel pour maintenir ses services aux personnes âgées pendant la période estivale.
« Nous savons que dans ces périodes pré-estivales c'est très compliqué de recruter du personnel soignant, nous avons besoin et demandons des mesures fortes dès aujourd'hui », a plaidé Florence Arnaiz-Maumé, déléguée générale du Synerpa. Celle-ci travaille avec la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS) pour mettre en œuvre un tel plan d’urgence afin de « recruter cet été ».
Comme pendant la crise Covid
Pour le Synerpa, qui réunit pendant deux jours son congrès national à Cannes, ce plan d'urgence doit imiter celui mis en place durant la pandémie de Covid, avec la possibilité pour les intervenants extérieurs libéraux ou les services d'aide et d'accompagnement à domicile (SAAD) d’intervenir à tout moment au sein des Ehpad, en cas de tensions fortes durant l’été, afin d'épauler le personnel en place. Florence Arnaiz-Maumé appelle également de ses vœux une plateforme dédiée aux étudiants infirmiers et aides-soignants « pour qu’ils puissent prêter main-forte aux Ehpad pendant l’été ».
Dans les semaines qui viennent, le projet de loi de financement de la Sécu pour 2023 (PLFSS) est déjà dans le viseur du Synerpa qui attend des moyens supplémentaires pour augmenter le nombre de salariés en Ehpad. L’occasion pourrait être saisie de réouvrir le chantier du forfait global qui « n’a pas été revalorisé depuis plus de douze ans », mais aussi de « recalibrer une section soins plus large, avec de nouveaux métiers ». Quant à la création de la 5e branche autonomie, elle doit déboucher sur des « financements complémentaires pour renforcer les équipes soignantes ».
À moyen terme cette fois, « une loi grand âge doit enfin voir le jour avec les moyens supplémentaires dont nous en avons besoin pour faire évoluer la réglementation, les pratiques, l’offre de demain », a martelé Florence Arnaiz-Maumé.
La composition du gouvernement et des équipes à Matignon constitue plutôt un bon signal, veut croire le Synerpa. La nouvelle ministre de la Santé Brigitte Bourguignon, ex-ministre déléguée chargée de l'Autonomie lors du premier mandat d'Emmanuel Macron, « a fait un travail exigeant, précis, volontariste à nos côtés », se souvient la déléguée générale. Elle salue aussi les nominations d'Aurélien Rousseau, ex-directeur général de l’ARS Île-de-France et d'Étienne Champion, ex-DG de l'ARS Hauts-de-France, respectivement directeur et directeur adjoint du cabinet d’Élisabeth Borne. Deux personnes avec lesquelles Florence Arnaiz-Maumé a « beaucoup travaillé » durant la crise.
Médecins coordonnateurs
Le syndicat veut enfin régler la question jugée « cruciale et gravement problématique » des médecins coordonnateurs, qui font toujours défaut dans 30 % des Ehpad. Cette situation est liée à la pénurie de praticiens sur le territoire et à « ces demi-contrats qu’on est obligés de leur proposer », souligne la déléguée générale du Synerpa. Et d’expliquer que, « quand un Ehpad n’a pas les moyens de prendre un médecin temps plein, on propose des contrats à 0,30, 0,40 ou 0,50, donc un médecin est obligé de faire deux temps partiels, ce qui n’est pas très confortable ». L'objectif reste « d’étendre les temps de présence » tout comme « les moyens financiers » pour proposer des rémunérations attractives à ces médecins coordonnateurs.
Interrogée au sujet de la prime de 517 euros brut mensuels pour les médecins coordonnateurs, Florence Arnaiz-Maumé a estimé qu'elle avait « le mérite d’exister », même si « cela va être difficile de rendre ces métiers très attractifs avec ce montant-là ».
À Niort, l’hôpital soigne aussi les maux de la planète
Embolie aux urgences psychiatriques : et maintenant, que fait-on ?
« Les Flying Doctors », solution de haut-vol pour l’accès aux soins en Bourgogne
Denis Thuriot (maire de Nevers) : « Je songe ouvrir une autre ligne aérienne pour les médecins libéraux »