Déserts, liberté d’installation : les petits hôpitaux réclament davantage de fermeté

Publié le 31/05/2013
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Crédit photo : PHANIE

LE QUOTIDIEN - Quelles sont vos attentes et revendications en matière d’accès aux soins ?

MICHEL ANTONY - Depuis sa fondation en 2004 à Saint-Affrique, la Coordination lutte contre les déserts médicaux. Au départ, il s’agissait de défendre les petites structures : à Saint-Affrique, Luçon, Paimpol, Lure, Luxeuil... Maintenant, on est présent à Toulouse, Marseille, Évry, Fontainebleau, Nanterre... Nous assurons la défense et la promotion de la médecine de proximité.

Partout la même logique est à l’œuvre : on regroupe les structures et on oblige les gens à se déplacer. Le désert médical n’est pas une question de ruralité. Il y a un grand désert en Seine-Saint-Denis, il y en aura bientôt un autre sur l’île de la Cité en plein Paris. Les 40 000 personnes qui fréquentaient les urgences de l’Hôtel-Dieu vont devoir aller ailleurs.

La Coordination lutte aussi contre les dépassements d’honoraires, et pour le maintien des SMUR terrestres en complément – et non en remplacement – des transports héliportés. Trois SMUR sont menacés dans ma région, en Franche-Comté. Nous organiserons une journée de mobilisation cet été avec l’AMUF [Association des médecins urgentistes de France], au moment où l’ARS va prendre une décision.

Deux tables rondes seront consacrées ce samedi à la désertification en médecine ambulatoire et hospitalière. Quelles solutions préconisez-vous ?

Nous voulons qu’il y ait un grand débat autour d’une répartition plus égalitaire des médecins en France. Ce débat sera houleux, on s’y attend. Depuis 2006, la Coordination réclame une hausse du numerus clausus assortie d’une exigence pendant quelques années pour l’installation de tous les professionnels de santé, les médecins notamment. Certaines structures de proximité sont menacées à cause de problèmes démographiques. Si on n’y met pas le personnel, leur sécurité va baisser et ces structures vont mourir plus vite. Nous exigeons une responsabilité des pouvoirs publics en la matière.

L’actuelle ministre de la Santé défend la liberté d’installation des médecins. Avez-vous espoir que la donne change un jour ?

Oui. Pour d’autres professions sanitaires, la répartition est déjà imposée par les pouvoirs publics. En 2006, nous étions très peu à oser poser ce problème de la répartition des médecins. Mais depuis quelques années, les vues convergent. Les associations des maires et des villes vont dans le même sens, ainsi que la Cour des comptes. Le Sénat dernièrement a fait des propositions qui placent l’intérêt général avant tout. Même au sein du corps médical, il y a des gens favorables à l’encadrement de l’installation : le Syndicat de la médecine générale, les anesthésistes-réanimateurs... Les mentalités évoluent.

Le programme des rencontres est en ligne http://www.coordination-nationale.org/assemblee/Nantes/Programme.pdf

PROPOS RECUEILLIS PAR DELPHINE CHARDON

Source : lequotidiendumedecin.fr