C’est dans un lieu hautement symbolique qu’une dizaine de représentants de comités de défense des hôpitaux de proximité venus de toute la France se sont réunis en fin de semaine dernière : Les Lilas, ville de Seine-Saint-Denis dont la célèbre maternité, pionnière de l’accouchement sans douleur et du droit des femmes à l’IVG, mène un combat pour son maintien depuis cinq ans.
Avocats depuis dix ans du maintien des services publics de santé en zone rurale, les usagers des comités de défense ont peu apprécié le récent rapport de la Cour des Comptes sur les maternités de France. Faute de garantie de qualité et de sécurité, les « sages » préconisent de fermer les petites maternités qui ne se mettent pas en conformité immédiatement. La Cour cible en particulier 13 maternités isolées, à l’activité inférieure au seuil légal de 300 accouchements par an, mais qui fonctionnent par dérogation. Pour les usagers, la goutte d’eau de trop...
Chiffon rouge
En 2012, la France comptait 544 maternités, 30 % de moins que quinze ans plus tôt. « La politique de restructuration engagée depuis 40 ans a fait disparaître une à une les petites structures, s’agace Françoise Nay, présidente de la coordination nationale, qui regroupe les comités de défense. La maternité de Vitry-le-François [Marne, 371 accouchements en 2013, NDLR], transformée il y a 15 jours en centre périnatal, est la dernière en date. »
Le chiffon rouge du manque de sécurité médicale ne passe pas. « L’État veut que notre maternité ferme alors que l’équipe médicale est stable, uniquement composée de titulaires, déplore le comité de défense d’Apt (Vaucluse), dans le viseur de la Cour pour ses 291 accouchements annuels. Nos finances sont à l’équilibre. Et nous sommes dans une zone de montagne, à une heure de la maternité d’Avignon ! »
Pour certains représentants des usagers, les autorités sanitaires et les « sages » ont fait preuve d’« ignominie » en « pointant du doigt » les décès d’un nouveau-né à Dourdan (Essonne) en 2013 et d’une jeune mère à Orthez (Pyrénées-Atlantiques) en 2014 pour justifier de nouvelles fermetures.
Dévitalisation
Le collectif de défense de la maternité de Privas (Ardèche, 238 accouchements par an), structure également menacée de fermeture, dénonce un « processus grandissant de dévitalisation des territoires ruraux ».
Pour beaucoup, la restructuration du secteur de la naissance annonce d’autres décisions douloureuses. Après la fermeture de sa maternité en 2013, le collectif de Vire prophétise ainsi « la disparition de la chirurgie, la réduction de la médecine à un service de consultation, puis la transformation définitive de l’établissement en hôpital gériatrique ». Le collectif de Moûtiers (Savoie) opine du chef. Après la maternité en 2001, le projet de restructuration de l’établissement ainsi que des hôpitaux proches d’Albertville et de Bourg-Saint-Maurice font courir en 2015 une menace sur le plateau technique et les urgences. « Alors qu’on opère plus de fémurs à Moûtiers qu’à Grenoble... », assurent, amers, les usagers.
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