Artiste plasticien et professeur dans cette discipline, Denis Steinmetz s’intéresse depuis longtemps aux liens entre la couleur et la santé, théorisés en 1961 par un enseignant suisse, Johannes Itten.
Ce dernier démontra dans un ouvrage fondateur, « l’art de la couleur », comment les couleurs chaudes et froides ont des effets concrets sur l’organisme. « Selon qu’une pièce est peinte en bleu vert ou en rouge orange, écrivait-il, l’impression de chaud ou de froid diffère de trois à quatre degrés : les occupants de la pièce bleu vert éprouvent du froid avec une température de 15 degrés, alors qu’ils n’ont cette sensation, dans la pièce rouge orangée, qu’à partir de 11 ou 12 degrés, parce que le bleu vert amortit la circulation du sang contrairement au rouge orangé qui la rend plus active ». Des expériences identiques furent menées avec des chevaux, qui se calmaient plus vite dans des écuries bleues que dans des écuries rouges.
Allure de vampires de cinéma
Forte de ces théories, toute une génération d’artistes a tenté de les appliquer à des établissements de soins, mais les résultats furent parfois contrastés. Denis Steinmetz cite le cas d’un jeune plasticien qui avait proposé à un couple de pharmaciens de repeindre en bleu vert la salle de prélèvements de leur laboratoire de biologie, afin d’atténuer les stress des patients. Malheureusement, poursuit-il, la couleur bleu vert se réfléchissait sur le visage des infirmières, leur donnant une allure de vampires de cinéma… au point qu’il fallut très vite repeindre la salle en blanc.
Aujourd’hui, la couleur est largement utilisée dans les espaces de santé, mais souvent sans discernement ni concertation avec les utilisateurs : « On décrète que les enfants aiment les couleurs vives, et les personnes âgées les pastels, mais est-ce toujours aussi simple ? », se demande-t-il en citant certains aménagements de maisons de retraite et d’EHPAD qui, tellement critiqués par les pensionnaires, ont dû être rapidement repensés. À l’inverse, une bonne utilisation de la couleur, combinée à une réflexion sur les volumes, l’espace et l’éclairage, peut contribuer au bien-être des patients, mais ne doit pas s’imposer brutalement. De même, lorsque certains hôpitaux essayent de s’égayer en bariolant leurs murs d’affiches, de chiffres et de lettres multicolores, ils finissent parfois par aggraver la tristesse de leur environnement au lieu de la réduire.
Des administrateurs peu présents
Le colloque a montré, à partir de plusieurs exemples concrets, comment la couleur peut rendre un établissement de soin, ou un cabinet médical ou dentaire, plus « familier » et plus apaisant. « Il y a quelques beaux exemples de cette tendance dans notre région », souligne Denis Steinmetz, même si les administrateurs de la santé, à l’inverse des 160 artistes présents, ne se sont pas bousculés pour venir à cette rencontre. « Ils ne sont ni sensibilisés ni formés à l’impact des aménagements intérieurs sur la santé et le bien-être de leurs patients », regrette-t-il, et ce d’autant moins que les contraintes budgétaires ne les incitent guère à trop innover dans ce domaine.
Un Ehpad du Val-d’Oise ferme pour manquements graves, 24 résidents à reloger
Hausse des cotisations retraite : « un impact dramatique pour l’offre publique sanitaire », alerte la FHF
Médecins à diplôme étranger : 20 % des postes ouverts aux EVC non pourvus, colère des Padhue
Padhue urgentiste et réfugié syrien, le Dr Sami Boufa perd son emploi après… 24 ans d’exercice en France