Après les mots, les soignants attendent des moyens pour l'hôpital. Dans son allocution exceptionnelle du jeudi 6 mars, Emmanuel Macron a rendu un hommage appuyé aux personnels hospitaliers mobilisés face à l'épidémie de coronavirus. « Je tiens avant toute chose à exprimer ce soir la reconnaissance de la nation à ces héros en blouses blanches, ces milliers de femmes et d'hommes admirables qui n'ont d'autre boussole que le soin, d'autre préoccupation que l'humain, notre bien-être, notre vie, tout simplement », a martelé le président de la République.
Ce vendredi, les blouses blanches ont remercié le chef de l'État pour son « soutien » et « ses paroles » mais exigent désormais « des moyens en urgence ». « Ces héros de l'hôpital sont épuisés et à bout », écrivent dans un communiqué commun les collectifs inter-hôpitaux (CIH) et inter-urgences (CIU). Cette crise intervient alors que l'hôpital public connaît depuis un an une mobilisation sans précédent. Des soignants, « quittent l'hôpital par centaines et des lits continuent d'être fermés alors que la crise explose », alertent les deux structures.
Des moyens à la hauteur
Pour lutter contre l'épidémie, CIH et CIU demandent à Emmanuel Macron de « débloquer en urgence les moyens financiers » nécessaires pour accueillir l'ensemble des patients qui en ont besoin et « éviter que la prise en charge des malades du coronavirus ne se fasse au détriment de tous les autres ». Ils appellent aussi vigoureusement le chef de l'exécutif à permettre le recrutement et la rémunération des personnels « à la hauteur de leurs missions, pas seulement aujourd'hui en temps de crise mais de façon pérenne ».
Prenant exemple sur l'Espagne et l'Italie, les deux collectifs estiment à plusieurs milliards d'euros la somme nécessaire pour faire face au virus. « Le gouvernement mobilisera tous les moyens financiers nécessaires pour porter assistance, pour prendre en charge les malades, pour sauver des vies quoi qu'il en coûte », a déclaré hier Emmanuel Macron. « Les Français peuvent compter sur nous mais c'est maintenant qu'il faut agir », lui répondent aujourd'hui les héros en blouse blanche.
Discours désincarné
À l'appel du CIH, des soignants de toute la France s'affichent depuis sur les réseaux sociaux arborant des pancartes sur lesquelles on peut lire « Oui, monsieur le président vous pouvez compter sur nous, mais l'inverse reste à prouver ! » Une référence appuyée à la réplique d'un neurologue lors d'une visite d'Emmanuel Macron à la Pitié-Salpêtrière (AP-HP) il y a quelques semaines.
Oui, Mr le Président, vous pouvez compter sur nous, comme nous aimerions pouvoir compter sur vous ! @EmmanuelMacron #EnsembleSauvonslHopital#ComptezSurNous pic.twitter.com/7QU9P2ZmPi
— COLLECTIF INTER-HOPITAUX (@CollectInterHop) March 13, 2020
https://t.co/vws2pIrjZr pic.twitter.com/mBZWsv3xq8
— Collectif Inter-Hôpitaux CHU Grenoble-Alpes (@CIHChuga) March 13, 2020
De son côté, le président du CIU Hugo Huon participait ce vendredi matin à une manifestation aux abords de l'Élysée aux côtés de militants écologistes. « Nous n'avons pas besoin d'être brossés dans le sens du poil, nous ferons comme toujours notre travail », a-t-il déclaré devant la presse, regrettant un discours présidentiel « désincarné » et n'apportant « aucune donnée chiffrée » sur les enveloppes qui seront allouées à l'hôpital public.
"Nous sommes près de l'élysée pour dresser le bilan de Macron en matière de climat à J-2 des #Municipales2020"
— Là-bas si j'y suis (@LabasOfficiel) March 13, 2020
"La crise de l'hôpital dure depuis des années, si des choix sont faits pour soigner des patients et pas d'autres, sa responsabilité sera en jeu" #Covid_19@T_Bouhafs pic.twitter.com/ZkRfkKo1Vb
À Niort, l’hôpital soigne aussi les maux de la planète
Embolie aux urgences psychiatriques : et maintenant, que fait-on ?
« Les Flying Doctors », solution de haut-vol pour l’accès aux soins en Bourgogne
Denis Thuriot (maire de Nevers) : « Je songe ouvrir une autre ligne aérienne pour les médecins libéraux »