Harcèlement, discrimination, violence physique ou verbale… Comment les médecins se positionnent-ils face aux comportements « inappropriés » lorsqu'ils sont le fait de leurs confrères ? C'est la question qu'a posée le site Medscape à plus de 1 000 médecins, interrogés* sur ces attitudes « non professionnelles ou irresponsables, et contraires à l’éthique ».
Pour 64 % des praticiens sondés, les comportements inappropriés de confrères ou consœurs sont restés stables en milieu professionnel au cours des cinq dernières années. Mais pour 15 % d’entre eux, ils ont augmenté, indique l'enquête. Plus précisément, 33 % des sondés confient avoir eux-mêmes fait les frais d’un mauvais comportement de la part d'un confrère, que ce soit sur leur lieu de travail, en privé ou sur les réseaux sociaux ; et 61 % des médecins en ont déjà été témoins. Dans les deux cas, ce sont surtout les médecins hospitaliers qui sont concernés.
Intimidations et moqueries
D'après les médecins interrogés, c'est « l'intimidation et le harcèlement » de soignants qui sont les plus courants – 68 % en ont été témoins ou l'ont constaté depuis le début de leur carrière (et 32 % au cours des cinq dernières années). Viennent ensuite les moqueries ou le dénigrement des patients à leur insu (61 % des médecins l'ont déjà vécu au cours de leur carrière), le sexisme (56 %) et le racisme (43 %), les agressions physiques (40 %) et l'état d'ébriété/l'usage de drogues (25 %).

Les auteurs de ces actes inappropriés sont à 77 % des hommes, d'après les praticiens qui les ont subis ou en ont été témoins, et il s'agit de quinquagénaires dans la moitié des cas. Les comportements sexistes sont davantage rapportés par les femmes (65 %, contre 47 % des hommes) et par les médecins plus jeunes (70 %, vs 57 % pour les plus de 45 ans).
À noter qu'un médecin sur 8 reconnaît s'être lui-même comporté de manière inappropriée « par erreur ou sciemment », en tant que médecin, au cours de l'année écoulée. Et les jeunes sont deux fois plus nombreux à l'admettre que leurs confrères plus âgés (22 % vs 11 % pour les plus de 45 ans).
Stress au travail et carence de formation
Selon le sondage, plusieurs facteurs peuvent contribuer à ce que certains médecins développent une attitude non professionnelle : « l’impact du stress au travail (44 %), des problèmes personnels (40 %), ou encore une santé mentale défavorable (39 %) ». Un tiers des médecins regrettent le manque de formation sur le comportement au cours de leurs études.

Si les répondants estiment que ces attitudes problématiques ont majoritairement lieu au travail, plus d’un praticien sur six mentionne les réseaux sociaux comme « lieu le plus propice » à ce type d'attitude. Dans ce contexte, près d’un médecin sur deux affirme ne pas être sur les réseaux sociaux, d'abord par manque d’intérêt (72 %), manque de confidentialité (43 %), de temps (33 %) mais aussi peur du harcèlement (16 %). 28 % des sondés ont fait le choix de séparer vie privée et vie professionnelle par des profils distincts. Dans 1 cas sur 4, les comportements inappropriés concernent des commentaires à l’égard des patients.
Une forme d'impunité
Comment les médecins ont-ils réagi face au comportement déplace d'un confrère ? Dans 41 % des cas, ils en ont parlé directement à l'« agresseur », 39 % s'abstenant et 18 % procédant à un signalement (chef de service/RH). Les médecins plus jeunes ont davantage tendance à garder le silence, tandis que les praticiens plus âgés choisiront plus volontiers de se confronter à la personne qui pose problème.
Face à des agissements problématiques, la très grande majorité des sondés (87 %) précisent qu'ils n’ont « jamais vu » les praticiens mis en cause être sanctionnés par leur hiérarchie ou les ressources humaines. Pourtant, la moitié estime au minimum qu'un avertissement verbal devrait être pris à l'égard de confrères responsables.
* Sondage réalisé en ligne entre le 27 octobre et le 17 décembre 2021. 1 077 médecins exerçant en France, et membres des sites Medscape/Univadis, y ont participé. Plus de la moitié sont des hommes (51 %). 40 % des répondants exercent en hôpital, 55 % sont salariés. Un quart des répondants sont des médecins généralistes (23 %).
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