Depuis plusieurs mois, le centre hospitalier Eure-Seine (qui regroupe les hôpitaux d'Évreux et de Vernon) connaît des difficultés de recrutement, en particulier dans l'équipe d'anesthésie-réanimation.
Cette situation a ému le Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs élargi aux autres spécialités (Snphare), qui juge que le récent changement de politique de la direction sur le temps de travail des praticiens hospitaliers risque d'entraîner une perte d'attractivité pour l'établissement, mais aussi de graves dysfonctionnements dans la prise en charge des patients.
Le syndicat reproche à l'hôpital d'avoir « changé les règles du jeu en augmentant le temps de travail des praticiens de 39 heures à 48 heures pour le même salaire ». Selon lui, le protocole d’accord aurait été rédigé « de manière unilatérale ».
Dans le statut de praticien hospitalier, les obligations de service hebdomadaire sont traditionnellement de dix demi-journées par semaine, dans la limite de 48 heures. Le décompte du temps de travail dérogatoire du CH Eure-Seine résultait d'une volonté des précédents directeurs de rester attractif dans un territoire sous-doté en médecins. Pour le Snphare, c'est précisément ce système qui permettait jusque-là de « maintenir une offre de soins aussi conséquente que possible sur les deux sites » hospitaliers.
Le Snphare craint que cette nouvelle donne ne déclenche une vague de départs. Le syndicat établit un lien direct entre cette remise en question du précédent accord sur le temps de travail des praticiens hospitaliers et la « renonciation de trois jeunes médecins du CHU à intégrer l'équipe d'anesthésie-réanimation ». Il rappelle également que, début novembre, 40 % des patients ont été déprogrammés du bloc opératoire et 45 % des lits de réanimation fermés.
Contacté par Le Quotidien, la direction du centre hospitalier Eure-Seine n'a pas confirmé le taux de déprogrammation au bloc ni le nombre de lits de réanimation fermés. Elle confirme, à l'écrit, être engagée dans une démarche d'« harmonisation des pratiques à l’échelle du territoire », en particulier avec le CHU de Rouen, établissement avec lequel le CH dit multiplier les partenariats. Cette harmonisation s'effectue notamment par une « sécurisation juridique en mettant fin à la pratique de temps de travail dérogatoire qui encadrait jusqu’ici l’exercice des anesthésistes-réanimateurs du CH Eure-Seine ».
« Il n’y a pas de rupture de dialogue entre la direction et les praticiens concernés », insiste l'hôpital, qui précise par ailleurs que les instances (directoire, CME, conseil de surveillance) ont abordé ces questions.
Enfin, indique la direction, « si des départs ont été recensés [...], ils ne sont pas analysés en lien exclusivement avec cette situation ».
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