L’Assistance publique des hôpitaux de Paris, l’ancienne directrice de l’hôpital Pompidou et trois professeurs de médecine doivent comparaître demain mercredi devant le tribunal correctionnel de Paris. Ils devront répondre d’accusations de harcèlement moral dans le cadre du suicide, le 17 décembre 2015, du Pr Jean-Louis Mégnien. Ce cardiologue, père de cinq enfants, s’était jeté par la fenêtre du 7e étage de l’Hôpital européen Georges-Pompidou (HEGP). Un suicide peut-être dû à des conditions de travail dont il se plaignait.
L’affaire avait suscité l’émoi de la communauté médicale et avait libéré la parole sur la souffrance au travail des médecins, mettant en lumière l’absence de prévention et de prise en charge. Le Pr Mégnien venait de reprendre le travail trois jours plus tôt, après neuf mois d’arrêt maladie. Plusieurs de ses collègues avaient à l’époque rapporté « sa descente aux enfers progressive » depuis deux ans ainsi que les « maltraitances » et les « manœuvres » de ses supérieurs hiérarchiques pour que le poste de chef de service de médecine préventive cardiovasculaire qu’il convoitait lui échappe.
Cinq semaines de procès
L’inspection générale des affaires sociales (Igas), saisie par la ministre de la Santé de l’époque, Marisol Touraine avait, quant à elle, relevé des « dysfonctionnements » et des « manquements » dans la gestion du conflit qui opposait le cardiologue à certains de ses confrères. Tandis qu’une instruction menée au sein de l’AP-HP, après cinq ans d’enquête aboutissait à la mise en examen, « pour harcèlement moral » des quatre personnes qui s’apprêtent à comparaître. La famille du professeur « a gardé le silence pendant sept longues années afin de laisser la justice travailler sereinement. Il est temps désormais de mettre à jour ce dont certains médecins de haut niveau et l’administration hospitalière sont capables. Le harcèlement moral se niche dans les détails », a déclaré l’avocate de la famille du défunt.
Qui pourra aussi compter sur le soutien de l’association de lutte contre le harcèlement moral et la maltraitance à l'hôpital public créée en son nom en 2016, l’Association nationale Jean-Louis Mégnien. « Nous serons bien évidemment présents à leurs côtés lors des audiences. Nous continuons à suivre l’affaire de près », assure au « Quotidien » son président, le Pr Philippe Halimi. L'AP-HP n'a pas souhaité s'exprimer avant l'ouverture du procès, prévu pour durer jusqu’au 7 juillet.
À Niort, l’hôpital soigne aussi les maux de la planète
Embolie aux urgences psychiatriques : et maintenant, que fait-on ?
« Les Flying Doctors », solution de haut-vol pour l’accès aux soins en Bourgogne
Denis Thuriot (maire de Nevers) : « Je songe ouvrir une autre ligne aérienne pour les médecins libéraux »