Faute de revalorisation tarifaire immédiate, le président des médecins généralistes confédérés (UNOF-CSMF) appelle ses confrères à augmenter le tarif de la consultation « en fonction de son contenu » (hors urgences) à partir du 15 mai. Un moyen de faire pression et de se démarquer avant les négociations conventionnelles de 2016.
LE QUOTIDIEN : Vous appelez les généralistes à faire un usage élargi du « DE » (dépassement pour exigence particulière) à partir de vendredi sur l’acte de consultation. Pourquoi ?
DR LUC DUQUESNEL : La nomenclature n’est plus du tout adaptée à la pratique médicale. Le tarif opposable de l’acte de consultation ne correspond en rien à son contenu, à la réalité du terrain. Depuis trois ans, le nombre de consultations par généraliste baisse. Pourquoi ? Car chaque rendez-vous avec le patient est de plus en plus complexe, de plus en plus long. Les motifs se multiplient alors que le tarif, lui, reste inchangé.
Nous exhortons donc les médecins, à partir du 15 mai, à informer les patients qu’au-delà d’un seul motif de consultation et en dehors de tout contexte d’urgence, le tarif pratiqué sera supérieur aux 23 euros de base, insuffisants. Nous préparons une affiche explicative que les médecins pourront télécharger sur le site Internet de l’UNOF et afficher dans leur salle d’attente. Elle sera disponible aujourd’hui [ce mardi] ou demain.
Y a-t-il un patient, un acte ou une pathologie qui se prête davantage à ces dépassements ?
Aucunement. La consultation simple n’existe plus. Les consultations qui durent le plus longtemps sont le fait de ceux que j’appelle « les patients post-it ». Ils viennent au cabinet munis de leur liste de courses !
Nos patients polypathologiques requièrent également du temps. D’ailleurs, nous faisons peut-être moins de visites à domicile ou en maison de retraite faute de temps, mais quand nous en faisons, elles aussi durent longtemps ! C’est pourquoi nous suggérons aux médecins de mieux tarifer le « V » également.
Les médecins n’ont-ils pas besoin d’un vade-mecum expliquant dans quel cas pratiquer ces DE ?
Pas question d’imposer une quelconque grille de lecture aux professionnels ! Faute de revalorisation, le médecin doit être libre d’adapter le tarif de sa consultation à son contenu. La médecine générale n’est pas homogène. Certaines consultations complexes peuvent être valorisées à hauteur de 2C (46 euros) quand d’autres méritent un autre tarif.
Notre action a surtout pour but de maintenir la pression sur l’assurance-maladie, qui nous renvoie aux prochaines négociations conventionnelles de 2016 à chaque fois que nous remontons au créneau sur la question tarifaire. Mais nous ne voulons pas anticiper sur les futures discussions avec des montants fixes. Simplement, avec un objectif de dépenses d’assurance-maladie (ONDAM réduit à 1,75% pour 2016), on préfère prendre les devants.
Et si le patient refuse de payer plus de 23 euros ?
S’il vient au cabinet médical avec plusieurs motifs et refuse le nouveau tarif, le médecin lui proposera de prendre un nouveau rendez-vous après avoir priorisé ses besoins médicaux. C’est une pratique courante dans certains départements ruraux, comme dans les Deux-Sèvres. Depuis un an, des généralistes ont placardé dans leur salle d’attente des affiches stipulant : « Au-delà d’un motif de consultation, je reprends rendez-vous ». Ca ne pose pas de problème.
Je rappelle aussi que beaucoup de patients n’hésitent pas à mettre la main à la poche quand il s’agit d’aller voir un magnétiseur ou un ostéopathe. ll ne s’agit pas d’une situation idéale pour nous, mais ne rien faire, ce serait signer la mort de la médecine générale.
Jusqu’à quand durera votre action de contestation tarifaire ?
Aucune date butoir n’est fixée. Nous continuerons à inciter régulièrement les médecins à refuser la consultation à 23 euros jusqu’à ce que nous obtenions gain de cause auprès de l’assurance-maladie.
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