Un mois après avoir rendu son rapport sur les urgences - et après avoir été nommé entre-temps ministre de la Santé - François Braun a envoyé le 25 juillet un courrier à tous les hospitaliers.
Après avoir vanté la rapidité de mise en place des mesures de la mission flash - « 10 jours » - et reconnu la situation de « tension majeure » à l’hôpital, le ministre a annoncé vouloir entamer, dès la rentrée, une réflexion sur la « reconnaissance de la pénibilité du travail de nuit ».
Des discussions en septembre
« Indispensable », selon François Braun, mais « facteur de risques, notamment pour la santé », le travail de nuit a été revalorisé temporairement à l’aune de la mission flash, rappelle-t-il. Du 1er juillet au 30 septembre, les gardes de nuit, le samedi après-midi, les dimanches et jours fériés sont, en effet, majorées de 50 % pour les médecins.
Ces revalos temporaires et urgentes seront toutefois appliquées « dans la perspective d’une réflexion plus large qui sera menée à compter de la rentrée sur des modalités pérennes d’une meilleure reconnaissance des conditions de travail de nuit », peut-on lire sur le courrier. François Braun annonce ainsi que des discussions seront entamées sur le sujet, à l’occasion de la conférence de parties prenantes lancée dès septembre. Les majorations estivales pourront « éclairer pour partie les discussions », laisse entendre le ministre.
L’urgentiste se veut par ailleurs rassurant sur l’impact de la majoration sur la fiche de paie. Elle ne sera « visible, au mieux, qu’à partir du mois d’août sur vos salaires, du fait des délais incompressibles de mise en œuvre technique du dispositif, avec effet courant depuis le 1er juillet 2022 », indique-t-il aux hospitaliers.
400 lignes de garde fermées
Le courrier a fait réagir l'intersyndicale Action praticiens hôpital (APH), qui, après avoir remercié le ministre pour sa missive, exige d’aller plus loin. APH demande notamment deux avancées supplémentaires pour les confrères hospitaliers. Premièrement, que la majoration de 50 % « ne soit pas limitée seulement aux gardes mais soit également appliquée pour les astreintes des PH, car ceux qui assurent la permanence des soins méritent comme tous les autres la reconnaissance de leur travail ». Deuxièmement, d’intégrer le samedi matin dans la permanence des soins, pour « reconnaître la pénibilité de cette mission de service public ». Une idée déjà plébiscitée par les 7 500 PH ayant répondu à l’enquête « Nuits blanches » d'APH.
Pour l’intersyndicale, malgré les mesures de la mission Braun - « un premier pas » -, la situation est aujourd'hui loin d’être réglée. Le 28 juillet, aux urgences de Caen par exemple, « lors de la prise de garde à 8 heures, 78 patients étaient sur des brancards dont 40 en attente de lits depuis la veille et le CHU de Caen annonce aux équipes la fermeture à venir de plus de 60 lits d'hospitalisation », constate, à regret, APH.
Au total, le syndicat de praticiens hospitaliers rapporte, à date, « plus de 207 structures d'urgence impactées, avec plus de 400 lignes de garde fermées ou avec une diminution de l'amplitude d'ouverture ».
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