Faute de chiffres précis sur le taux de contamination des soignants depuis le début de l'épidémie de coronavirus, la fédération CGT Santé et Action Sociale a sondé elle-même ses troupes. Dans une enquête rendue publique ce lundi 4 mai, la centrale fait état de 11 844 employés positifs au Covid-19 dans les établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux, publics comme privés.
Réalisée entre le 20 et le 27 avril auprès de 356 syndicats locaux regroupant environ 550 000 salariés − soit un quart des personnels au niveau national −, l'enquête déclarative estime que la prévalence du virus chez les soignants du monde hospitalier est « onze fois supérieure » à celle de la population générale, alerte Laurent Laporte, cadre de santé et secrétaire de l'Union fédérale des médecins, ingénieurs, cadres et techniciens CGT (UFMICT-CGT). Ce chiffre pourrait être « en dessous de la réalité », prévient quant à elle Mireille Stivala, secrétaire générale de la fédération.
Une autre enquête** de la CGT apporte un début d'explication en pointant à son tour la pénurie de protections dont souffrent encore beaucoup de soignants. Le 6 avril, 64 % des syndicats et 83 % des salariés déclaraient manquer de matériel de protection individuelle. L'accès aux masques était alors un problème pour 31 % des syndicats interrogés. Dans 42 % des cas, les masques FFP2 manquaient pour les personnels en contact avec des patients Covid. Une pénurie particulièrement sensible pour les plus gros hôpitaux. Les syndicats des établissements de plus de 1 500 salariés étaient 73 % à faire part de ces tensions.
Feu aux poudres
La centrale syndicale s'inquiète aussi du suivi des personnels contaminés. Seuls 28 % des syndicats interrogés assurent que les personnels dépistés font l'objet d'un suivi par la médecine du travail et 41 % disent ne pas en avoir la connaissance.
Pire, certains soignants testés positifs seraient maintenus dans les services. C'est le cas dans 10 % des établissements avec une prévalence dans ceux de plus de 1 500 salariés (25 %).
Enfin, l'accès aux tests de dépistage est également pointé du doigt. Au 6 avril, 67 % de syndicats déclaraient qu'il était très difficile pour les personnels de se faire dépister. Les secteurs les plus abandonnés sont ceux du médico-social, avec 15 % d'accès aux tests lors de la première enquête, et du social (moins de 5 %), dénonce la CGT.
Face à cette situation le premier syndicat du secteur public hospitalier dénonce les incohérences et parfois les « mensonges d'État » du gouvernement. Sur le terrain, « la situation n'est pas calme », constate Astrid Petit, sage-femme et délégué CGT à l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). « Il y aura le feu aux poudres dès cet été », prévient quant à lui Laurent Laporte.
**Enquête déclarative réalisée du 30 mars au 6 avril auprès de 252 syndicats locaux couvrant près de 400 000 salariés sur 80 départements.
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