En raison d’une pénurie de médecins anesthésistes, le bloc opératoire du centre hospitalier William Morey de Chalon-sur-Saône est « sous haute tension », alertent le collectif Inter-Blocs ainsi que la CGT de l’établissement qui ont lancé un appel à la grève, ce jeudi 14 octobre. Contacté par « Le Quotidien », Rachid Digoy, le président du collectif Inter-Blocs qui est lui-même IBODE au CH, affirme que « 150 à 200 personnes sur 2 200 agents » ont manifesté aujourd'hui, entre 14 heures et 16 heures, dans l'hôpital où se tenait aujourd'hui le conseil de surveillance.
« Le bloc fonctionne aujourd’hui avec quatre équivalents temps plein (ETP), alors qu’il en faudrait 15 pour que le service puisse fonctionner correctement », affirme Rachid Digoy, inquiet de la dégradation des conditions de travail des équipes paramédicales dans ce centre hospitalier périphérique de la région Bourgogne Franche-Comté.
Des déprogrammations importantes sont en effet prévues : sur 9 salles au total, 4 tourneront certains jours, pour une période indéterminée, selon le collectif et la CGT qui précisent que deux scénarios avaient été proposés par la direction.
Le premier consistait à mettre à disposition une partie de l’équipe IBODE/IADE dans une clinique privée pour assurer une partie de l’activité ambulatoire issue du public. Une option finalement écartée car « la direction s’est aperçue qu’une convention entre le public et le privé n’était pas possible », selon Rachid Digoy.
Nouveau coup de massue
C’est donc un deuxième scénario qui devrait être retenu : le redéploiement des équipes IBODE, IDE de bloc, IADE et des IDE de salle de réveil dans les nombreux services de l’hôpital en manque de personnels. Ce qui veut dire que les paramédicaux spécialisés en bloc opératoire vont devoir « travailler dans des secteurs (médecine, oncologie, gériatrie…) dans lesquels ils n’ont pas travaillé depuis longtemps, voire jamais », dénonce le président du collectif Inter-Blocs. Et d’ajouter que ce personnel « n’a pas l’habitude de gérer de genre de situations qui demandent une gymnastique importante ».
Après avoir participé aux différentes vagues successives de Covid, rattrapé les retards de prises en charge chirurgicales, monté une réanimation éphémère au sein de leur salle de réveil, « c’est un nouveau coup de massue qui vient assommer des équipes déjà usées par une crise sanitaire sans précédent », estiment le Collectif Inter Blocs et la CGT du CH William Morey. Ils demandent donc à l’ARS et au ministère de la Santé de prendre la mesure des difficultés vécues par les agents. Ce qui signifie tout simplement « recruter des anesthétistes pour faire repartir l'activité », exige Rachid Digoy.
Enfin, les signataires du communiqué demandent des efforts supplémentaires pour faire « reconnaître la spécificité des métiers et les valoriser » car « ce ne sont pas les effets du Ségur « imposture » qui auront remonté le moral des troupes ».
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