67 % des médecins et infirmiers français expriment un sentiment d’épuisement professionnel, selon une étude* menée par Nuance Communications et l’HIMSS (Healthcare information and management systems society) sur 443 soignants.
Surtout, sur les dix pays étudiés dans ce panel (Australie, Belgique, Danemark, Finlande, France, Allemagne, Pays-Bas, Norvège, Suède et Royaume-Uni), ce sont les soignants français qui arrivent en tête des plus touchés par ce burn-out médical déclaré – juste devant les pays nordiques où 63 % des professionnels interrogés déclarent souffrir d’épuisement professionnel, l'Australie (58%), l'Allemagne, la Belgique et les Pays-Bas (55 %).
Tous pays confondus, la quasi-totalité des médecins (97 %) expriment avoir déjà ressenti au moins une fois des symptômes caractéristiques de cet épuisement « à un moment ou un autre dans leur vie professionnelle » : trouble du sommeil, anxiété, fatigue chronique.
Charge de travail et paperasse en cause
Sans surprise, tous pays confondus, c’est l’ampleur de la charge de travail, la pression exercée par leur profession et les horaires qui ressortent comme les facteurs prépondérants d’épuisement ressenti. L'étude pointe notamment l'effet délétère des semaines généralisées de plus de 40 heures, seuil à partir duquel le risque de burn-out est accru*.
Autre constat partagé par l’ensemble des soignants des pays sondés : la lourdeur administrative qui pèse sur le quotidien. « La saisie des données dans les dossiers patients informatisés est un stress supplémentaire pour les infirmiers et les médecins », avance le Dr Bertrand Marchand, chirurgien à l'hôpital de Gap, dont les propos sont rapportés dans le livre blanc publié à l’issue du sondage.
« De nos jours, les soignants doivent se conformer à des exigences de reporting élevées et une grande partie de ces comptes rendus servent à clarifier ce qu'ils ont déjà fait au lieu d'exploiter les données », rapporte pour sa part Mette Maria Skj th, cheffe de projet senior et infirmière diplômée à l’hôpital universitaire d'Odense (Danemark).
L'épanouissement en danger
« Il y a le fait que les patients sont peut-être plus exigeants qu'il y a quelques décennies », avance aussi le Dr Phillipe Kohl, chirurgien cardiaque à Hôpital Universitaire de Liège. Certains souffrent de l'uniformisation des protocoles. C’est le cas du Dr Rose Matthias, directrice de la clinique médicale de psychosomatique en Allemagne. « L'épanouissement émotionnel est en danger de disparition, résume-t-elle. Le temps passé en consultation s’est considérablement réduit, mais l'attente d'efficacité a beaucoup augmenté ».
* Étude déclarative en ligne (416 soignants) menée sur 333 médecins et 83 infirmiers – dont 113 médecins généralistes, 147 praticiens exerçant en centre hospitalier public, 17 en établissement de santé privé à but non lucratif et 57 dans le secteur de la santé mentale et de la psychiatrie. En complément, une enquête qualitative a eu lieu par téléphone auprès de 27 professionnels de santé
** Source : Biomed Central Psychiatry 2011, doi:10.1186/1471-244X-11-49 Sociodemographic and occupational risk factors associated with the development of different burnout types: the cross-sectional University of Zaragoza study
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