Dans le sas ambulances des urgences de l’hôpital parisien de Lariboisière, François Hollande a expliqué la raison de sa venue, le 31 décembre 2012, juste après la présentation des vœux télévisés : « Les ministres doivent connaître toutes les réalités. Pour bien décider, il faut bien comprendre. »
Flanqué de la directrice générale de l’AP-HP Mireille Faugère, le Pr Patrick Plaisance, chef du plus gros service d’urgence de l’AP-HP (250 patients-jour, 100 000 par an), estime que les messages de ses équipes voulaient ont bien été transmis au chef de l’Etat : « Le président a pu comprendre comment fontionne le circuit du patient, comment on travaille dans la vraie vie hospitalière ; ensuite, il a compris la problématique fondamentale de l’amont, alors qu’on insiste toujours sur les questions dites de l’aval : est-ce aux urgences de prendre en charge les publics du samu social, ou les toxicomanes, ou les patients présentant des symptômes bénins ? »
Stress, violences, dialogue difficile
De fait, en sortant, le président de la République a commenté cette affluence aux urgences, « service public où on ne fait pas de tri », avec « plus de personnes âgées, plus de précaires et de personnes en difficulté » en notant qu’elles renvoient aussi à la « question de l’organisation du système de soins ».
La trentaine d’aides-soignants et d’infirmiers de garde ont pu encore lui faire sentir les raisons du stress qu’ils éprouvent devant des violences verbales fréquentes et, de plus en plus, des violences physiques. « Ce contexte rend difficile le dialogue avec les patients », note le Pr Plaisance. « Non, pas facile de dialoguer, lui répond dans un sourire le président, et pas seulement à l’hôpital. »
Les quatre médecins de garde ont exprimé leurs inquiétudes sur les effectifs insuffisants d’« une spécialité jeune, à laquelle il manque un fort point d’appui ». Enfin, au sujet de la qualité hôtelière, en passant devant les boxes, le Pr Plaisance a demandé à François Hollande si des personnes de sa famille accepteraient volontiers d’être prises en charge dans de telles conditions.
Le rush du réveillon n’a pas eu lieu
Prenant le temps d’échanger avec les personnels comme avec les patients, serrant les mains, questionnant les uns et les autres sur leurs parcours, le président a constaté l’effervescence d’un service qui, semble-t-il, avait bénéficié d’une procédure exceptionnelle de délestage ; il n’a pas été témoin du rush du réveillon qui se produit classiquement à partir de minuit, avec l’afflux des patients alcoolisés, des victimes des rixes et des pétards. Seuls des bonnets rouge de Noël arborés par quelques infirmiers rappelaient que la soirée n’était pas comme les autres.
Dans cette ambiance plutôt soft, les dérapages toujours possibles qu’appréhendait la direction n’ont pas eu lieu. « Évidemment, les esprits chagrins diront que nous avons été utilisés pour une opération d’image et de com’, commente le Pr Plaisance. Les mêmes se plaignaient que les responsables ne viennent jamais nous voir... »
Alors, le chef de service, qui avait reçu en 2012 les visites de François Bayrou et de Marisol Touraine, préfère être positif : le « respect » et la « considération » exprimés par président de la République « nous ont fait du bien, confie-t-il au « Quotidien ». C’est toujours bénéfique d’exprimer ses préoccupations et d’être écouté. »
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