À moins de quinze jours du coup d'envoi des élections professionnelles dans le corps des praticiens hospitaliers (PH), les syndicats se mettent en ordre de bataille, dans un contexte tendu dans les établissements.
La semaine dernière, l'Intersyndicat national des praticiens hospitaliers (INPH), la Coordination médicale hospitalière (CMH) et le Syndicat national des médecins, chirurgiens, spécialistes, biologistes et pharmaciens des hôpitaux publics (SNAM-HP) ont annoncé faire liste commune pour le scrutin qui aura lieu du 25 juin au 2 juillet prochain pour trois élections (voir encadré). Les trois structures syndicales se regroupent derrière le slogan « Unis, ensemble pour la défense de l'hôpital ». Au total, elles présenteront 21 listes (7 chez les hospitalo-universitaires, et 14 chez les praticiens).
« Le temps où notre métier mobilisait vocation et engagement est révolu », a annoncé le Dr Rachel Bocher, présidente de l'INPH, en préambule d'une conférence de presse commune. La psychiatre nantaise fait un constat alarmiste de la situation à l'hôpital : « Nous sommes confrontés à l'effet ciseau de deux démographies, l'une ascendante avec la hausse des files actives, l'autre descendante avec la pénurie de praticiens ».
Revaloriser de 30 % la grille
Le Dr Bocher veut ainsi faire du statut de PH « l'objet central » de ces élections car « les avancées statutaires du passé ne suffisent plus aujourd'hui », il faut le réinventer. « Le statut est une matière vivante, en constante évolution, qui doit résoudre en permanence le grand écart démographique », assure-t-elle.
Pas question pour autant d'accepter la suppression du concours PH défendu par le gouvernement dans le projet de loi de santé – et renvoyé par ordonnance à une concertation au ministère de la Santé –, synonyme selon elle de plus de pouvoir aux directeurs d'hôpital dans le recrutement des PH en dehors des radars. La mise en place de ce que le Dr Bocher qualifie de « statut loconational » reviendrait à brader l'indépendance professionnelle des praticiens en installant « un système de cooptation qui ne servirait ni la cause des patients, ni celle des médecins », insiste-t-elle.
En parallèle, les trois syndicats listent une dizaine de mesures d'attractivité qu'ils comptent défendre ensemble comme la revalorisation à hauteur de 30 % de la grille de rémunération des PH, la reconnaissance de valences d'exercice pour l'enseignement et la recherche ou encore l'augmentation de l'indemnité d'engagement de service public exclusif.
Côté politique, le Dr Bocher a insisté pour positionner l'INPH et ses alliés comme des « forces de propositions » et non « uniquement de contestation ». Une pique directement adressée à ses adversaires (notamment les deux autres intersyndicales Avenir hospitalier et la Confédération des praticiens des hôpitaux) qu'elle accuse de vouloir transformer les commissions médicales d'établissement (CME) en « tribunal médical ».
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