Au 1er juillet 2015, plus aucun enfant ne naîtra à l’hôpital de Bégin. Le service d’obstétrique, qui représente 18 lits et 1 100 accouchements par an, va fermer. Seules les femmes qui accoucheront avant le 30 juin seront encore reçues. « Nous avons appelé une à une chacune des patientes dont le terme est au-delà de cette date pour les orienter vers une autre maternité », explique au « Quotidien » la directrice de l’hôpital Bégin, la générale Maryline Généro.
Bégin conservera un service de chirurgie gynécologique, une activité d’orthogénie, et restera un centre de dépistage du cancer du sein agréé. « C’est une expertise qui doit être maintenue en raison de la féminisation de l’armée », explique la médecin-générale Généro.
Certains membres du personnel seront réorientés. « Les sages-femmes et les infirmières ou auxiliaires de puériculture n’ont pas vocation à rester dans le service de santé des armées (SSA) et seront accompagnés vers le civil », indique la directrice. Trois pédiatres, médecins militaires du SSA, changeront également d’affectation. Les gynécologues obstétriciens garderont leur activité de chirurgie gynécologique, et pourront exercer leurs compétences en obstétrique dans le civil. « Nous utiliserons les lits pour moderniser la prise en charge en développant des alternatives à l’hospitalisation conventionnelle en chirurgie » précise Maryline Généro.
La suppression de la dernière maternité militaire a provoqué la colère de l’intersyndicale CGT, FO, CFDT et CFTC qui a manifesté ce 4 mars devant l’hôpital. Elle rappelle dans une pétition que le projet « Bégin rénové », lancé en 2007, n’impliquait pas la fermeture du service d’obstétrique. Les sénateurs PCF Laurence Cohen et Christian Favier, la députée EELV Laurence Abeille, et la sénatrice UMP Catherine Procaccia ont également manifesté leur désapprobation.
Soutien aux forces en opération
« Cette décision d’arrêt a été prise avec le soutien de l’ARS. Nous nous sommes assurés que le territoire de santé pouvait absorber sans difficulté cette activité d’obstétrique » affirme Maryline Généro. « Nous avons validé les choix du service de santé des armées ; les femmes n’auront aucune difficulté à retrouver un hôpital » confirme-t-on à l’ARS.
L’arbitrage en défaveur de l’obstétrique s’explique par le choix du SSA de recentrer ses activités autour du soutien des militaires et du modèle français d’une « médicalisation de l’avant ». Le projet de restructuration du service de santé des armées « SSA 2020 » fait des spécialités chirurgicales, de l’anesthésie-réanimation, de la médecine interne et de la psychiatrie, des priorités. « À terme, les spécialités qui ne contribuent pas directement ou indirectement au soutien des forces en opération – par exemple, l’obstétrique, la dialyse chronique, l’obstétrique, NDLR – n’ont pas vocation à subsister », lit-on dans le dossier thématique du SSA. Quelque 2 000 emplois du service de santé des armées devraient être supprimés sur les 34 000 postes amenés à disparaître avec la loi de programmation militaire 2014-2019.
Transfert des activités du Val-de-Grâce
D’ici à 2020, le service de santé des armées va resserrer ses activités sur 8 HIA. Bégin et Perçy accueilleront avant 2017 les services du Val-de-Grâce. La neurochirurgie, la neurologie, et la rééducation fonctionnelle iront à Perçy, qui, avec son futur trauma center, se spécialise dans l’accueil des blessés polytraumatisés de guerre les plus graves.
Au-delà des équipes de psychiatrie, de chirurgie viscérale ou d’oncologie, Bégin hébergera le service d’urologie (d’ici à l’automne) et d’ophtalmologie (en 2016) du Val-de-Grâce.
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