La « saignée » dans les rangs des chirurgiens de l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP) continue. Mardi 12 avril, le Dr Marc Lévêque, 45 ans, a annoncé en pleine réunion de la commission médicale d'établissement (CME) de l'AP-HP son départ du service de neurochirurgie de la Pitié-Salpêtrière.
Ironie de l'histoire, c'est lors de cette réunion que le plan d'action pour empêcher la fuite des chirurgiens de l'AP-HP, commandé par le directeur général Martin Hirsch, a été présenté aux membres de la CME. La perte d'attractivité du navire amiral francilien est jugée préoccupante : 15 chirurgiens ont fait leurs valises en 2013, 19 en 2014 et 23 en 2015.
Petit salaire, grosse pesanteur
Élu représentant des praticiens hospitaliers de la CME au début de l'année, le Dr Lévêque a exercé trois ans dans le CHU francilien. Une durée suffisante pour que ce médecin demande une mise en disponibilité de trois ans afin de retourner en province pratiquer son art en libéral.
Les raisons de son départ sont multifactorielles. Il y a d'abord la question de la rémunération dans le public, « moins de 4 000 euros par mois ». Spécialiste de la radiochirurgie (utilisation du Gamma Knife) et de la chirurgie de la douleur, le médecin avait quitté la Timone (Assistance publique - Hôpitaux de Marseille) pour la capitale, espérant d'autres avantages. À défaut d'une rémunération améliorée, respect de la grille salariale oblige, l'AP-HP lui promet une place en crèche pour sa fille de six mois. Le Dr Lévêque accepte mais l'affaire capote.
Seconde désillusion : le fonctionnement interne de cette « très grosse machine qu'est l'AP-HP ». La « pesanteur » de la hiérarchie et certaines habitudes de travail « à l'ancienne » le surprennent. « On nomme encore les services par le nom du patron », s'étonne-t-il. Le « plafond de verre » entre PH et quelques PU-PH « qui se comportent comme nos chefs sans forcément l'être » lui semble tout aussi anachronique.
« J'ai travaillé et été formé en Chine, en Belgique, au Canada. Je crois que je n'aurais pas porté un regard aussi acerbe sur les pratiques françaises si je n'avais pas connu tant d'expériences à l'étranger », analyse-t-il.
Un PH de plus dans l'escarcelle du privé
Si son court passage à l'AP-HP le laisse un peu amer, le Dr Lévêque ne tourne pas totalement le dos à la fonction publique. C'est la raison pour laquelle il a préféré une mise en disponibilité à une démission. Fils de haut fonctionnaire, le médecin dit « ne jamais avoir envisagé sa vie ailleurs qu'à l'hôpital ». La recherche, l'enseignement et l'écriture (articles et livres scientifiques) vont lui manquer, mais le défaut criant de reconnaissance a provisoirement fait pencher la balance vers le secteur privé.
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