Invité au 20 heures de France 2 ce jeudi, Bernard Tapie, soigné à l'hôpital public pour un double cancer de l'estomac et de l'œsophage, a longuement vanté les mérites des médecins hospitaliers qui l'ont accompagné dans son parcours de soins.
« Personne ne peut se rendre compte à quel point on leur est redevable, appuie l'ancien ministre. Ce sont des gens qui consacrent vraiment toute leur vie à ça [aux soins, NDLR]. C'est même pas un métier, c'est un sacerdoce ! Parfois, ils travaillent dans des conditions pas faciles, en sous-effectif. Je les ai admirés. Ils donnent la vie, ils nous accompagnent tout au long de notre existence, ils méritent franchement un peu plus de considération qu'ils en ont. »
Bernard Tapie, 75 ans, assure avoir choisi l'hôpital public – en l'occurrence l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris – pour « éviter » d'être traité comme un patient privilégié. « Et même si je l'avais souhaité, ce n'est pas dans le style des médecins de dire : “celui-là, il est comme ci, celui-là il est comme ça !” », jette-t-il.
Parrain d'honneur de la promotion
Le long combat de l'ancien patron de l'OM contre le cancer lui a permis de côtoyer le monde hospitalier au plus près, d'en voir les forces mais aussi les « nombreuses défaillances ». La pénurie de personnel est « épouvantable » à ses yeux. « Quand on voit quatre heures d'attente moyenne dans les services d'urgences, quand on voit une infirmière ou un aide-soignant qui est là toute la nuit pour cinq étages, quand on appuie sur la sonnette […], ça répond pas toujours… C'est pas possible ! »
Depuis la semaine dernière, Bernard Tapie est parrain d'honneur de la nouvelle promotion de la faculté de médecine de Nice. S'il apprécie le travail des praticiens hospitaliers, Bernard Tapie a plaidé auprès des carabins pour une médecine plus humaniste, moins technicienne. « On a besoin que le médecin nous raconte, non pas ce qu'on a forcément, mais [nous parle], ne serait-ce que pour nous motiver, pour nous dire : “voilà, c'est un combat. À partir d'aujourd'hui, c'est vous ou lui [le cancer] qui gagnez. Il faut qu'ils nous aident à avoir cette volonté de se battre.” »
Donner le goût d'être utile
Parce qu'il « ne peut pas [s']empêcher de [se] mêler de ce qui ne [le] regarde pas », Bernard Tapie propose des solutions maison pour relever l'hôpital public.
Il suggère la création d'un nouveau métier de santé : le « sous aide-soignant ». Cet agent serait formé pendant une année pour « pouvoir donner un coup de main » au personnel hospitalier. « Quand vous arrivez aux urgences, il faut que quelqu'un vous parle, ne serait-ce que pour vous demander votre âge, ce que vous faites dans la vie […], argumente-t-il. Un jeune qui est au chômage, il a la sensation qu'il est inutile. Là, il va être utile. On va lui donner le goût d'être utile et pourquoi pas le goût d'une passion nouvelle. » Bernard Tapie travaille sur cette idée avec « cinq ou six » professeurs de médecine. Il sera en mesure de présenter ces idées « dans deux mois ».
« Les plus riches » contre la pénurie de médicaments
Autre cheval de bataille de l'homme d'affaires : les « incompréhensibles » pénuries de médicaments. Pour que cela cesse, Bernard Tapie juge que « les plus riches de France » doivent accepter « d'aider en faisant un vrai laboratoire qui prendra les molécules qui sont passées dans le domaine public pour les faire à prix coûtant ». Lui-même a l'intention de parler à « Arnaud [Lagardère], Bolloré et Xavier Niel » pour les convaincre de mettre la main au pot. « Ça permettra d'éviter d'avoir notre sort et notre santé entre les mains des Chinois qui, de temps en temps, ne nous vendent des médicaments que quand ils en ont envie. »
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