D?epuis le 6 mai, la pilule Alli®, empêchant l’absorption intestinale des graisses alimentaires, est disponible en pharmacie sans ordonnance. Son prédécesseur, Xenical 120 mg®, disponible en France depuis 1998, contient le double de la quantité d’orlistat contenu dans Alli® et ne peut être disponible que sur ordonnance. L’AMM centralisée d’Alli®, obtenue en janvier 2009, comporte de nombreuses restrictions d’utilisation. L’Affsaps recommande la plus grande prudence vis-à-vis de son utilisation et a mis en place un plan de gestion des risques (1, 2).
Les conditions d’utilisation
?› Alli® est indiqué dans le traitement du surpoids (IMC ≥ 28 kg/m2) chez l’adulte, en association à un régime modérément hypocalorique et pauvre en graisses (3). Elle s’adresse aux plus de 18 ans sans contre-indication (traitement par ciclosporine ou par anticoagulants oraux, syndrome de malabsorption chronique, cholestase, grossesse, allaitement, hypersensibilité à l’un des constituants). La dose est d’une gélule avant, pendant ou jusqu’à une heure après la fin des principaux repas. Si le repas ne contient pas de graisse, la prise d’Alli® est totalement inutile.
Un supplément multivitaminique est conseillé en raison d’une malabsorption possible des vitamines liposolubles A, D, E, K.
› Le traitement ne doit pas être poursuivi au-delà de six mois. De même, si aucune perte de poids n’est observée dans les douze premières semaines, le traitement sera arrêté et réévalué.
› Un régime alimentaire équilibré accompagné d’une activité physique régulière doit être débuté avant la mise en place du traitement et poursuivi après son arrêt.
La place du pharmacien
?Les pharmaciens sont, la plupart du temps, en première ligne dans la délivrance de ce médicament. En effet, peu nombreux sont les patients qui consultent leur médecin auparavant.
Le pharmacien est tenu de délivrer Alli® dans le respect de l’AMM. Il bénéficie d’une fiche d’aide à la dispensation qui rappelle les questions essentielles à poser au patient avant la délivrance, ainsi que les précautions d’emploi et les conseils à donner (4).
Le pharmacien est dans l’obligation d’orienter, le cas échéant, la personne vers le médecin, notamment en cas d’IMC < 28 kg/m2, de contre-indication ou de pathologie associée. Bien que certaines personnes ne semblent pas socialement gênées par leur problème de poids, il paraît pourtant difficile de questionner un malade dans un lieu public en respectant le secret médical. Le pharmacien est idéalement placé pour jouer un rôle prépondérant dans la lutte contre le surpoids, en liaison avec le médecin traitant.
La place du médecin traitant
?› Même s’il est moins sollicité que le pharmacien, la place du médecin est primordiale. Il conseille et réoriente les patients qui présentent des contre-indications et/ou n’entrent pas dans les critères de délivrance d’Alli® comme les cas « limites » : sujet qui n’a pas une alimentation grasse ou qui veut simplement éliminer quelques kilos superflus avant l’été…
Le médecin soutient et conseille. Il détecte et explique les effets secondaires possibles, surtout gastro-
intestinaux, dus à Alli® (flatulences, selles graisseuses, liquides, impérieuses, incontinence fécale, douleurs abdominales…). Il peut adapter certains traitements dont l’action est diminuée par Alli® (contraception orale, amiodarone) ou est inappropriée du fait d’une amélioration des paramètres traités (antidiabétiques oraux, antihypertenseurs, hypocholestérolémiants).
› Le médecin est au premier plan pour prendre en charge les autres effets indésirables reconnus (atteintes hépatobiliaires – hépatite, lithiase biliaire –, hémorragies rectale, hypersensibilité) (2), ou non encore démontrés.
Alli® en libre-service : les précautions
› Alli® ne doit pas être considéré comme une pilule miracle. La perte de poids espérée n’est d’ailleurs que de 5 % du poids initial. Or il a fait rapidement l’objet d’une rupture de stock dans certaines pharmacies et soulève donc le problème de l’auto-médication. Il suscite donc une grande vigilance de la part du pharmacien, du médecin mais aussi du patient.
Il existe une autogestion de la personne en surpoids lors de la délivrance d’Alli® d’où un risque de prise en charge médicale retardée.
› Malgré tout, selon le Dr Cocaul, « l’objectif d’Alli® est avant tout de faire prendre conscience au patient de l’intérêt d’une alimentation équilibrée et de la pratique d’une activité physique régulière. Il peut constituer une aide pour les personnes obèses ».
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