Présentée par le Dr Philippe Zerr au dernier Congrès de la Médecine générale (Nice, juin 2011), la thèse (Morgane Goarzin, faculté de médecin de Paris Bichat) portant sur les « connaissances des 15 – 25 ans vis-à-vis du risque de grossesses non désirées et sur le rôle préventif des médecins généralistes » a obtenu le premier prix des thèses 2009 en médecine libérale par l'URPS Ile de France. Les conclusions de ce travail d'enquête ont des retombées pratiques dans l'exercice quotidien en terme d'informations auprès des jeunes par les médecins généralistes. Elles sont aussi riches d'enseignements sur l'hétérogénéité des pré-requis des jeunes en matière de contraception et le rôle que peut jouer le médecin généraliste pour délivrer, d'une manière individualisée, des messages de prévention du risque de grossesse. Cette enquête prospective s'appuie sur des questionnaires patients adressés à 300 médecins généralistes exerçant à Paris.
UNE ÉTUDE PROSPECTIVE
Ce travail de thèse a permis de faire un état des lieux de jeunes patients en matière de contraception et de situations à risque de grossesse non désirée. L’hypothèse était un manque de connaissance des jeunes en matière de contraception et de conduite à tenir en cas de rapport non protégé, de rupture du préservatif ou d’oubli de pilule, associée à un manque d’information des médecins généralistes concernant ces questions. Pour cette enquête prospective, chaque médecin devait répondre à un questionnaire de pratiques puis inclure les deux prochains garçons et les deux prochaines filles âgés de 15 à 25 ans se présentant au cabinet médical et n’ayant pas de désir d’enfant au moment de l’enquête.
RÉSULTATS
10,7% de réponses ont permis d’étudier les questionnaires de 32 médecins généralistes et de 128 patients.
L’analyse a révélé un manque de connaissances des jeunes en matière de contraception avec une ignorance plus marquée encore chez les garçons.
-› En cas d’oubli de pilule contraceptive, si le délai de rattrapage est dépassé, 36 % des garçons ont déclaré ne rien faire ou ne pas savoir quoi faire et seulement 11 % des filles ont pensé à utiliser la contraception d’urgence orale.
-› 23% des garçons ne font rien en cas de rupture de préservatif.
-› Seuls 54,5 % des médecins généralistes revoient les jeunes qui avaient consulté pour un problème urgent de contraception.
-› Les médecins généralistes sont des interlocuteurs privilégiés par les jeunes pour s'informer sur les moyens de contraception. Et ils ne sont pas toujours bien informés eux-mêmes sur les dernières recommandations en matière de contraception.
CONCLUSIONS
Les médecins généralistes sont les interlocuteurs naturels et privilégiés des jeunes patients et peuvent exercer leur rôle de prévention des risques de grossesses non désirées tant auprès des filles que des garçons ; ces derniers doivent être impliqués dans la contraception, notamment par le biais de l’usage du préservatif.
La délivrance de conseils minimums de contraception en cas de prise de risque de grossesses non désirées (oubli de pilule ou un échec du préservatif ou encore un rapport non protégé) est essentielle.
Le contenu de ce conseil minimum se résumerait à :
- prendre la contraception d’urgence orale le plus vite possible,
- faire un test de grossesse en cas de retard de règles,
- se rendre aux urgences si l’un des deux partenaires est séropositif.
-› Ce conseil minimum doit s’accompagner d’une prescription systématique de lévonorgestrel 1,5 mg aux garçons comme aux filles.
Dans le langage courant le terme contraception d’urgence a été remplacé par celui de pilule du lendemain qui porte très mal son nom puisqu’elle peut être utilisée jusqu’à 72h après un rapport non protégé (même si son efficacité est optimale si elle est utilisée dans les 24h). L’idéal serait de la rebaptiser "contraception d’urgence orale".
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