La prévalence du syndrome de l'intestin irritable (SII) est estimée entre 8 à 10 % de la population en France avec une prédominance féminine, deux femmes pour un homme environ, surtout dans la tranche d’âge 25 à 45 ans. Il existe d'autres appellations communes comme la « colopathie fonctionnelle » ou le « côlon spasmodique ». Dans les pays anglo-saxons on parle d’ « irritable bowel syndrome ».
PATHOLOGIE BÉNIGNE MAIS INVALIDANTE
› Les symptômes du SII sont décrits par des critères dits de Rome III : symptomatologie dominée par une douleur ou un inconfort chronique de l'abdomen, associée à des troubles du transit (constipation, diarrhées ou alternance des deux), se majorant lors des poussées douloureuses, évoluant depuis au moins six mois et altérant la vie du patient au moins trois jours par mois, soit environ 10 % de son temps de vie. La plainte essentielle concerne le ballonnement abdominal. L’évolution est intermittente, par crises de quelques heures à quelques jours.
C’est une pathologie bénigne qui n'est associée ni à une augmentation du risque de cancer du colon ni à une augmentation du risque de maladie inflammatoire de l'intestin mais est pénible du fait de l’inconfort et de sa chronicité.
›L’hypersensibilité viscérale est une caractéristique importante du SII que ses mécanismes physiopathologiques font de plus en plus considérer comme une maladie micro inflammatoire et neurologique. Une réaction inflammatoire intestinale initiale (antécédent de gastro-entérite liée à une contamination alimentaire par exemple) entraînerait des modifications du seuil de stimulation de certains neurones sensitifs et cette anomalie se pérenniserait par la suite. L’axe cerveau-intestin, mettant en relation plusieurs niveaux de contrôle des fonctions digestives dont les voies de régulation sont complexes et encore mystérieuses, serait ainsi responsable d’une hypersensibilité viscérale. Ce modèle physiopathologique multifactoriel explique qu’il n’y ait pas un SII mais des SII et fait actuellement considérer ce syndrome comme une forme particulière de « douleur neuropathique ».
› Le terrain psychologique interfère avec la perception et l'intégration des informations sensitives d'origine digestive en maintenant notamment un niveau d'hypervigilance à ces stimuli. Le stress pourrait entraîner la libération de CRF et d'interleukines favorisant un état pré inflammatoire.
PEU D’EXPLORATIONS À VISÉE DIAGNOSTIQUE
› Dans la majorité des cas, un diagnostic de SII peut être posé sur la seule clinique. Éliminer une autre pathologie nécessite peu d'investigations : NFS, VS, CRP, ionogramme sanguin suffisent ; la recherche des Ac antitransglutaminase à la recherche d’une maladie coeliaque peut être nécessaire en cas de diarrhée prédominante.
›La coloscopie n’est pas justifiée sauf en cas d'antécédents familiaux ou de signes d'alarme (survenue à un âge supérieur à 50 ans, amaigrissement, présence de sang dans les selles, diarrhées chroniques)
UNE APPROCHE THÉRAPEUTIQUE MULTIPLE
› la première approche thérapeutique vise à :
- régulariser le transit dans la mesure du possible soit avec des laxatifs (laxatifs osmotiques ou mucilages) dans les formes avec constipation soit avec des anti-diarrhéiques (loperamide par exemple) à la demande dans les formes diarrhéiques.
- soulager la douleur avec un antispasmodique qui réduit la motricité colique et le réflexe gastro-colique en réponse à l’alimentation (phloroglucinol, trimebutine, mebeverine). Le citrate d’alverine (Méteospasmyl*) associe deux principes actifs. Le montmorillonite beidellitique (Bedelix*), argile naturelle, améliore le confort digestif.
- Certains patients répondent à l’un de ces traitements, d’autres non ce qui va bien dans le sens de plusieurs types de SII.
›Aucun régime d’exclusion alimentaire n’a fait la preuve d’un bénéfice thérapeutique. Notamment, ne pas abuser des fibres qui souvent aggravent l’inconfort intestinal et le ballonnement.
›En cas d’inefficacité sur les douleurs, on peut envisager d’autres solutions :
- agir sur l’axe « intestin-cerveau », en privilégiant les tricycliques de préférence aux IRS. On commence à doses progressives en restant à de petites doses, par exemple d’amitriptyline (Laroxyl*) à la dose initiale 5 à 10 gouttes sans dépasser 15 à 20 gouttes/jour. L’efficacité se fait sentir en 3 à 4 semaines.
›Alternatives non médicamenteuses : l’hypnose, la psychothérapie cognitivo-comportementale.
›Les probiotiques représentent une piste intéressante compte tenu de l’hypothèse du rôle du dysmicrobisme mais aucune souche n’a encore clairement démontré une efficacité
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