Il s’agit en fait d’un pied affaissé par effondrement de la colonne médiale. On l’observe avec une fréquence croissante au cours de ces dix dernières années. Il survient le plus souvent chez une femme de forte corpulence, ayant porté des chaussures inadaptées à talon haut pendant des dizaines d’années d’activité professionnelle et qui passe une bonne partie de ses journées à son domicile, en pantoufle sans talon. Avec le temps les muscles extrinsèques postérieurs, en particulier le triceps sural et le tibial postérieur, perdent leur élasticité et s’accourcissent du fait de port prolongé de hauts talons. Le passage brutal au chausson sans talon et au piétinement favorise la rupture du tendon calcanéen mais aussi la distension progressive du tibial postérieur, sans rupture franche.
La lésion, souvent unilatérale, s’accompagne d’un valgus progressif de l’arrière pied. L’anomalie longtemps indolore est remarquée par une tierce personne. Sans prise en charge efficace, le pied bascule de plus en plus en valgus global aboutissant parfois à un véritable pied-bot valgus avec appui dominant sur l’os naviculaire (figure 4). Rappelons que le muscle tibial postérieur, grâce à son insertion distale sur l’os naviculaire soutient l’arche osseuse médiale du pied. L’échographie est l’imagerie la plus pertinente montrant un tendon rompu ou simplement dis-tendu et remanié que les radiologues comparent à un chewing-gum.
Le traitement doit être adapté au stade évolutif de la lésion du tibial postérieur, même si celle-ci reste asymptomatique, afin d’éviter l’évolution vers un pied valgus symptomatique. Il comporte au début le port d’une orthèse plantaire avec élément de soutien sous naviculaire associée à un bon chaussage (lire encadré E3). En cas d’arthropathie hyperalgique perturbant la marche, la prise en charge repose sur un maintien du tarse postérieur en charge par une chaussure thérapeutique sur mesure ou une triple arthrodèse du tarse.
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