Marie-Pierre, 23 ans, est une patiente que nous connaissons de longue date car elle est traitée par insuline depuis son adolescence en raison d’un diabète insulinodépendant.
Elle consulte car elle présente une tuméfaction vulvaire apparue très rapidement et qui est très douloureuse.
Elle explique que cette tuméfaction semble sous tension, s’accompagnant localement de suintements purulents.
À l’examen clinique, on identifie un nodule couleur chair au niveau vulvaire. Nous notons par ailleurs la présence de deux zones très érythémateuses qui correspondent à des points d’écoulement de pus au niveau de cette lésion (flèches vertes).
En fait, la description anatomoclinique est en faveur du diagnostic de bartholinite.
INTRODUCTION
Les deux glandes de Bartholin sont situées au niveau de la vulve (parties postérieure et inférieure) au niveau de l’hymen.
Elles sont proches du vestibule et sont vascularisées par les artères bulbaires et périnéales.
Ces glandes sont fixées par le biais du muscle constricteur de la vulve, et leur canal excréteur débouche sur les petites lèvres. Leur taille varie entre 10 et 15 mm.
Leur fonction consiste à effectuer une lubrification du vagin lors de rapports sexuels en sécrétant un liquide incolore (le mucus). Les glandes de Bartholin sont fonctionnelles uniquement durant la période d’activité génitale de la femme.
La bartholinite est une inflammation d’origine infectieuse qui concerne une de ces glandes. Cette pathologie est fréquente (elle est observée chez 2 % des femmes) et le plus souvent elle est objectivée entre 20 et 29 ans.
ÉTIOLOGIE
L’infection d’une glande de Bartholin (le plus souvent l’atteinte est unique, elle concerne plus rarement les deux glandes) est secondaire à deux types de situation :
Il peut s’agir d’une infection secondaire à un germe retrouvé au niveau vaginal – bactéries d’origine intestinale – ou encore à des germes liés à une infection sexuellement transmissible (IST) comme celles dues à des gonocoques ou des chlamydias.
Cette infection peut aussi survenir suite à une obstruction de la glande (mucus trop épais, surinfection locale…) qui est à l’origine d'un défaut ou d’une absence d’écoulement au niveau du canal excréteur, majorant ainsi le volume de la glande.
Il est également important de souligner que certaines affections, comme le diabète, ou une immunosuppression peuvent contribuer à la survenue d’une bartholinite.
SYMPTOMATOLOGIE
La douleur, parfois associée à une hyperthermie, est souvent le symptôme d’appel d’une bartholinite.
Cliniquement, nous retrouvons une tuméfaction rouge et souvent inflammatoire, au niveau vulvovaginal, qui refoule fréquemment les grandes lèvres.
Comme dans notre cas, il existe parfois, du fait d’une tension importante, un ou plusieurs points où le pus contenu dans la glande s’écoule.
PRISE EN CHARGE
Il est utile, avant d’effectuer un traitement de la bartholinite, de réaliser un prélèvement pour rechercher une éventuelle IST (le gonocoque est fréquemment à l’origine d’une bartholinite bilatérale) qui est traitée spécifiquement.
Aucun consensus n’est établi de manière formelle sur l’utilité d’un traitement antibiotique (les pénicillines sont utilisées dans ce contexte) et anti-inflammatoire, mais leur utilisation est largement effectuée dans ce cadre.
Dès lors qu’un abcès est observé, une incision et un drainage doivent être effectués.
Dans le cas de récidives (10 à 15 % des cas), deux alternatives peuvent être proposées : une ablation de la glande de Bartholin ou une marsupialisation de la glande (ouverture avec création d’un orifice permettant l’écoulement des sécrétions).
Dr Pierre Francès (médecin généraliste à Banyuls-sur-Mer), Tara Chalaye (interne en médecine générale à Montpellier), Julie Aguilar et Victor Chenal (externes à Montpellier)
BIBLIOGRAPHIE
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