Le diabète gestationnel (DG) est un trouble de la tolérance glucidique, débutant ou diagnostiqué pour la 1ère fois pendant la grossesse. Sur le versant maternel, le DG est associé à un sur-risque d’hypertension artérielle gravidique, de prééclampsie et de césarienne. Sur le versant pédiatrique, la principale complication est la macrosomie, et son risque de dystocie des épaules. À plus long terme, le DG est associé à un risque élevé de diabète de type 2 pour la mère, et potentiellement, à un risque de surpoids/obésité et de diabète de type 2 pour les enfants.
La prévalence du diabète gestationnel est probablement en augmentation, passant de 3,7% à 5,8% entre 2000 et 2010 aux USA (+56%) ; en 2004 en France, la prévalence était de 3,8%.
En 2010, la Société francophone du diabète (SFD) et le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) ont préconisé l’utilisation de nouveaux seuils glycémiques (après une charge de 75g de glucose) dans le cadre d’un dépistage ciblé chez les femmes présentant au moins 1 des 5 facteurs de risque :
- Antécédent personnel de DG
- Antécédent d’enfant macrosome (PN > 4 kgs)
- IMC ≥ 25kgs/m²
- Âge > 35 ans
- Antécédent de diabète chez les apparentés au 1er degré
L’étude publiée dans le BEH du 22 mars vise à décrire les données de l’année 2012 concernant le dépistage du DG et la prise en charge des femmes diagnostiquées. 3 353 dyades mère-enfant ont été tirées au sort dans 136 maternités de France métropolitaine.
Les patientes sont un échantillon représentatif de la population française : 19,1% avaient ≥ 35 ans ; 28,4% étaient en surpoids ou obèses ; 74,7% étaient nées en France ; 27,8% avaient un niveau inférieur au baccalauréat ; 7,5% étaient ouvrières et 6,9% sans profession.
76,1% des femmes déclaraient avoir été dépistées, alors que 58% ne présentaient aucun des 3 facteurs de risque de DG recueillis dans l’étude (âge ≥35 ans, surpoids/obésité ou antécédents de diabète gestationnel) mais. Les femmes présentant ≥1 facteur(s) de risque recueillis étaient plus fréquemment dépistées (85,2%) que celles n’en présentant aucun (69,4%) et le dépistage augmentait avec le nombre de facteurs de risque. Problème : malgré le taux de dépistage globalement élevé, 18,3% des femmes ≥35 ans ainsi que 15,3% des femmes en surpoids, 9,8% des femmes obèses et 2,8% des femmes ayant un antécédent de DG déclaraient ne pas avoir été dépistées.
La prévalence globale du DG était de 8,0%, plus élevée chez les femmes ≥ 35 ans (14,2%), en surpoids/obèses (11,1 et 19,1% respectivement) ou avec des antécédents de DG (50,0%). Elle apparaît également plus élevée chez les femmes nées en Afrique (13,8%), chez les femmes ayant un niveau d’études inférieur au baccalauréat (9,4%) et chez les ouvrières (11,3%) et les femmes sans profession (10,6%). La prévalence ne variait pas significativement avec le fait de vivre en couple, la parité, la grossesse multiple, le bénéfice et les modalités de couverture maladie complémentaire, ou encore la consommation de tabac ou d’alcool avant ou pendant la grossesse.
Concernant la prise en charge, 86,5% des 262 femmes diagnostiquées déclaraient avoir eu recours à un endocrinologue et/ou à un(e) diététicien(ne) ; 91,6% déclaraient qu’un régime leur avait été prescrit, 48,8% qu’elles avaient reçu des recommandations d’activité physique, et 81,8% qu’elles avaient utilisé un lecteur glycémique. 26,9% ont reçu une insulinothérapie.
Les femmes avec un DG ont eu davantage de consultations prénatales et le risque d’hospitalisation était doublé (27,1% contre 14%).
Suite à cette prise en charge, 57,2% des femmes avec un DG ont finalement eu une prise de poids ≤11 kgs contre 34,1% des dépistées négatives et 36,2% des non dépistées.
En cas de DG, 26,4% des enfants naissaient par césarienne. Le terme à la naissance était légèrement inférieur en cas de DG (39,0 SA contre 39,2 SA). Les poids de naissance des enfants de mères avec DG ou ayant été dépistées étaient très similaires. Le taux de macrosomie était de 9,4% en cas de DG (sans différence significative avec les autres groupes).
Les femmes diagnostiquées pour un DG étaient plus à risque de ressenti négatif pendant la grossesse (13,7% contre 8,8%). La prise en charge psychosociale de ces femmes n’est donc pas à négliger.
Les messages forts à retenir de cette étude : 76% des femmes sont dépistées alors que 58,1% n’ont aucun facteur de risque. Plus préoccupant, il reste une fraction non négligeable de femmes à risque qui ne sont pas dépistées, notamment celles âgées de plus de 35 ans, en surpoids ou obèses, ou ayant des antécédents de DG. Une donnée importante quand on sait que 5 ans après le diagnostic de DG, 30 voire 50% des femmes auront un diabète de type 2…
Dr Julie van den Broucke
1- Regnault N, Salanave B, Castetbon K, Cosson E, Vambergue A, Barry Y, et al. Diabète gestationnel en France en 2012 : dépistage, prévalence et modalités de prise en charge pendant la grossesse. Bull Epidémiol Hebd. 2016;(9):164-73. Disponible sur http://www.invs.sante.fr/beh/2016/9/2016_9_2.html
Mise au point
La périménopause
Mise au point
La sclérose en plaques
Etude et Pratique
Appendicite aiguë de l’enfant : chirurgie ou antibiotiques ?
Mise au point
Le suivi des patients immunodéprimés en soins primaires