On sait peu de chose sur le risque encouru par les malades sous corticothérapie administrée par voie générale de contracter une infection bactérienne, virale fongique ou parasitaire, ni sur les facteurs prédisposant à ce risque ni sur l’impact de la durée du traitement.
En 1989, une méta-analyse d’essais contrôlés a montré que le risque d’infection était 50à 60 % plus élevé chez les patients traités par glucocorticoïdes que dans la population sous placebo. De manière surprenante, très peu d’études se sont intéressées à ce risque en population générale, celle qui consulte en soins primaires.
C’est une lacune qu’a comblée en mai dernier une équipe franco-anglaise, de l’université d’Oxford et du CHU de Créteil qui a publié dans Plos Medicine une étude de cohortes sur des populations consultant en médecine générale (1).
Les auteurs ont ainsi suivis 275 072 adultes primo-traités par glucocorticoïdes par voie orale pendant au moins 15 jours. L’âge moyen de ces patients était de 63 ans et 57,8 % étaient de sexe féminin. Cette cohorte a été comparée tantôt à une population non traitée mais porteuse d’une des 7 pathologies pouvant relever une corticothérapie (asthme, BPCO, rhumatisme inflammatoire, MICI, maladie de Horton, cancer ou connectivite), tantôt à la population générale.
Les données nécessaires à l'étude ont été extraites d’un registre de soins primaires, le THIN (The Health Improvment Network), qui collecte la quasi totalité des codages des médecins généralistes du Royaume Uni.
Les infections qui ont été retenues par les auteurs étaient celles les plus susceptibles d’être rencontrées en soins primaires, à savoir trois pathologies d’origine bactérienne (septicémies, infections pulmonaires, cellulites bactériennes), deux pathologies virales (herpès et varicelle), une parasitaire (gale) et deux fongiques (candidoses cutanées et dermatophytoses).
Ainsi, l’infection la plus fréquente était l’infection des voies respiratoires basses (4,3 % des patients sous corticoïdes vs 0,7 % en population générale) et les moins fréquentes étaient la varicelle et la gale (moins de 0,1 % dans les 2 populations). Autrement dit, les patients sous corticoïdes ont 5,42 fois plus de risque de contracter une infection pulmonaire et cette statistique passe à 1,22 pour les dermatophytoses. Même ajustés à une population porteuse des mêmes pathologies mais non corticotraitée, ces chiffres demeurent plus élevés : 5,84 fois plus de risque d’infection pulmonaire et 5,84 fois plus de risque de candidoses cutanées. Et la gale, les dermatophytoses et la varicelle surviennent deux fois moins souvent.
Concernant la durée du traitement (de 30 jours à 12 mois), le risque d’infection pulmonaire et de candidoses est plus élevé pendant les premières semaines de traitement pour décroître ensuite, tandis qu’il reste élevé pendant toute la durée du traitement pour l’herpes, la cellulite cutanée et la septicémie.
Concernant les facteurs de risque, l’âge, le diabète et les fortes doses de corticoïdes ont été identifiés. Les patients ayant des taux bas d’albumine plasmatique seraient aussi plus à risque de contracter une pathologie infectieuse.
1- http://journals.plos.org/plosmedicine/article?id=10.1371/journal.pmed.1002024
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