Avec une fracture toutes les 30 secondes en Europe, l’ostéoporose est redoutablement grave et coûteuse. L’insuffisance d’apports en calcium chez l’enfant et l’adolescent compromet-elle vraiment son avenir osseux ? C’est là une question essentielle, rendue cruciale par la multiplication des régimes d’éviction au gré des modes : végétarien, vegan, macrobiotique, sans lactose… Évidemment, il n’existe aucune étude prospective « calcium contre placebo », ni de cohorte d’enfants suivis sur 70 ans. Il faut donc se contenter de résultats indirects.
L’ACQUISITION DE LA MASSE OSSEUSE
Plusieurs facteurs environnementaux influencent la croissance et l’acquisition de la masse osseuse : en premier lieu, l’apport en nutriments nécessaires à la construction osseuse - calcium, phosphates, magnésium, protéines - et l’activité physique (pour 30 à 40 %) ; les facteurs génétiques représentent 60 % de la variance de la densité osseuse.
La gestion des complications de l’ostéoporose - douleurs, qualité de vie et coût - est essentielle, mais il est assurément rentable de tout mettre en œuvre, en amont, pour constituer une densité minérale osseuse optimale : augmenter le pic de 10 % réduit le risque fracturaire de 50 %.
Chronologiquement, l’enfant ne réussit pas à la fois à grandir et à solidifier son squelette : la première phase concerne la croissance staturale, puis seulement dans un second temps la masse osseuse se densifie par accrétion calcique. Jusqu’à 9 -10 ans, 450 g de calcium ont été déposés sur le squelette ; entre 10 et 18-20 ans, 600 à 700 g y sont ajoutés.
CALCIUM ET NUTRITION
> L’accrétion calcique passe de 100 mg/j en début de puberté à 250-300 mg/j pendant l’adolescence. Il faut y rajouter les pertes calciques urinaires et sudorales : finalement, l’alimentation de l’adolescent doit permettre d’absorber 400 mg/j de calcium. À ces âges, l’efficacité de l’absorption calcique intestinale est de 30 à 50 %. Cela explique que 800 à 1 300 mg/j sont requis pour minéraliser correctement le squelette entre 7 et 19 ans. À savoir, les apports nutritionnels conseillés (ANC) sont calculés pour couvrir 130 % des besoins moyens, pour assurer les besoins chez 97,5 % de la population générale.
Les signes de rachitismes peuvent être rencontrés en cas de carence profonde (de l’ordre de 150-250 mg/j de calcium).
> Les produits laitiers sont doublement intéressants : ils sont riches en calcium et celui-ci est bien absorbé, sous l’influence du lactose et de la caséine notamment. Une consommation régulière de laitages pendant l’enfance et l’adolescence est associée à une meilleure densité osseuse à l’âge adulte et à la ménopause ; à l’inverse, l’évitement du lait pendant l’enfance est associé à une densité osseuse plus basse et un surrisque fracturaire à l’âge adulte [1-2].
> Certains légumes sont riches en calcium, tels les crucifères. Néanmoins, leur coefficient d’absorption est moindre, en raison de la présence d’acide oxalique ou phytique ; ce dernier rend le calcium insoluble. Ainsi, si 150 g d’épinards contiennent autant de calcium que 250 ml de lait, les coefficients d’absorption respectifs sont de 5 et 32 %. Certains objecteront que les populations Asiatiques ne consomment pas de laitages, mais beaucoup de végétaux, sans avoir de surrisque fracturaire. En réalité, des spécificités anatomiques et génétiques leur permettent de préserver leur densité osseuse.
> Finalement, une alimentation sans produits laitiers permet difficilement de couvrir les ANC, à moins de recommander des eaux riches en calcium (jusqu’à 500 mg/L) ; ce dernier est très bien absorbé et bénéfique à la densité osseuse.
Les végétariens ont la plupart du temps une santé osseuse correcte, au contraire des végétaliens (qui ne consomment pas de laitages).
> Enfin, il est inutile de consommer plus de 1 500 mg/j de calcium car l’absorption maximale est de 30-50 %.
QUI EST À RISQUE ?
> Il faut être vigilant sur les apports calciques chez :
- des adolescents, qui consomment spontanément peu de produits laitiers
- des adolescents ayant un retard pubertaire
- dans les pathologies malabsorptives (maladies digestives, chirurgie bariatrique, corticothérapie…)
- en cas de régime d’éviction, pour allergie, pathologie (œsophagite à éosinophiles…) ou par conviction personnelle ou familiale.
> Le calcium alimentaire est reconnu comme étant la source la plus optimale. Le calcium d’origine alimentaire est toujours mieux absorbé que les supplémentations. Lorsqu’elle est nécessaire, la supplémentation calcique doit être prise au cours d’un repas et non à jeun.
> Quand on rétablit des apports normaux chez un enfant ou adolescent carencé, on observe une amélioration de sa densité osseuse dans un délai de 18 à 24 mois.
> Évidemment, la vitamine D a toute sa place dans cette prise en charge. Les 2 doses de charge hivernales de l’enfant de 18 mois à 5 ans et de l’adolescent de 10 à 18 ans doivent probablement être élargies aux 5-10 ans [3].
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