Si on étale sur une table, d’un côté les nombreuses technologies souvent onéreuses et très évolutives nécessaires à une médecine efficace à jour des consensus et progrès et… de l’autre côté, les souhaits émis par les jeunes générations pour leurs futurs exercices… on constate immédiatement qu’il y a un véritable précipice.
Ils veulent pour beaucoup travailler en groupe, proches de ces techniques avec un accès hospitalier physique et/ou intellectuel rapide. Or, la majeure partie pour ne pas dire toutes ces techniques sont localisées en ville surtout si celle-ci est le siège d’un hôpital ou a fortiori d’un CHU. De plus, et tout en tenant compte d’une féminisation progressive de la profession, ils veulent que leurs conjoint(e)s puissent poursuivre leur propre carrière sans entrave et que leurs enfants puissent étudier dans des écoles ne nivelant pas vers le bas par égalitarisme dogmatique…
Ajoutons à cela un refus catégorique de toute l’effroyable paperasserie, informatique ou non, exigée par madame Sécu et le désir de vivre comme des cadres actuels et non comme le font bien de nos généralistes actuels débordés et proche du burn-out, il est impensable d’espérer combler les déserts.
Il y a une totale inadéquation et même les maisons médicales ne suffiront pas. L’informatisation croissante va bouleverser complètement l’exercice futur. Dans peu d’années, le médecin sera un informaticien, au bout d’une chaîne de saisies des données travaillant avant lui, et chargé (espérons avec humanité…) de vérifier et orienter vers un amont qui sera, lui, très rationalisé par économie d’examens, de doublons, de prescriptions inutiles.
En fait, il faut revoir de fond en comble toute la pratique médicale tant privée qu’hospitalière. Malheureusement, la situation actuelle du pays, inerte et désarticulé, laisse peu de chance à un changement. Le déficit de la Sécu nous y contraindra tôt ou tard sous peine de voir s’effondrer tout notre système social nourri par des dettes.
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