Madame Buzyn, on la comprend, cherche à se disculper face aux attaques dont elle est l’objet. Elle a été mise en examen en septembre 2021 pour mise en danger de la vie d’autrui dans sa gestion de la pandémie au corona virus.
Il faut bien sûr replacer les choses dans leur contexte. Madame Buzyn a été nommée Ministre de la Santé en mai 2017. Qu’a-t-elle fait entre 2017 et 2020 ? Elle a passé beaucoup de temps à préparer la loi de bioéthique et à mettre en place la PMA pour toutes. Qui ne se souvient pas de ses fous-rires à l’Assemblée Nationale avec Nicole Beloubet quand il s’agissait de savoir si une femme transgenre devenu un homme à l’état civil pouvait avoir droit à la PMA ou non ? Certains y verront de l’humour, d’autres comme moi une forme de cynisme inquiétant quand on prend conscience qu’elle discutait d’un sujet gravissime qu’est l’avenir psycho-affectifs de nos enfants.
Fin 2019, arrive la pandémie. Le 24 janvier, elle affirme que le risque est pratiquement nul pour notre pays. Elle démissionne le 17 février pour raisons politiques. Dans son discours de passation de pouvoir à Olivier Veran, on se souvient de ses larmes mais pas d’un discours alarmiste mettant en garde contre l’imminence d’un véritable séisme en terme de santé publique. Puis, elle se lance à l’assaut de la Mairie de Paris dès le lendemain, discutant dans la rue, serrant des mains, gérant des rassemblements. Le 17 mars, après une cuisante défaite, elle déclare à propos de sa démission du 17 févirer : «Je pleurais parce que je savais que la vague du tsunami était devant nous. On aurait dû tout arrêter, c’était une mascarade.»
C’est là où, me semble-t-il son attitude est contestable et même blâmable. Si elle savait à quel point la situation était avancée et dégradée sur le plan sanitaire, pourquoi se lancer dans une campagne électorale ? Pourquoi serrer des mains ? Pourquoi organiser des rassemblements à l’origine de contaminations ? Si elle avait été cohérente avec elle-même, si elle avait été courageuse, si elle avait eu le sens du bien public, elle aurait dû tout arrêter.
Quand on pense que certains de nos confrères sont poursuivis aujourd’hui par le Conseil de l’Ordre pour avoir prescrit de l’HXQ ou de l’Ivermectine; quand on pense que, faisant fi de la mise en examen de Madame Buzyn, le Président Macron sans attendre la décision de justice, l’a décorée de la Légion d’Honneur le 1er janvier 2022; on se dit que quelque chose ne va plus dans notre République Française.
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