L’obésité est un fléau mondial en constante progression, avec des conséquences graves sur la santé publique et l’économie. Malgré les efforts mis en place, les chiffres continuent d’augmenter. Pourquoi ? Et surtout, que faire ?
Les chiffres inquiétants de l’obésité
Dans la plupart des pays du monde, les taux d’obésité atteignent des chiffres inquiétants ! En France, avec un pourcentage de sujets obèses à 17 % (tout de même huit millions d’individus), nous ne sommes pas les plus mauvais sur la liste des 197 pays. On pourrait donc se dire : « pas si mal ! ». Pourtant la situation est préoccupante, chez nous comme ailleurs. Avec des pourcentages plus élevés, le Luxembourg (18 %), la Norvège (19 %), la Belgique (20 %), l’Allemagne, (20,4 %). Encore plus hauts, le Maroc (21 %), la Colombie (23,6 %), le Canada (26,2 %), le Royaume-Uni (26,8 %), le Brésil (28,1 %). Dans certains pays, les sujets obèses dépassent 30 % de la population. Dans d’autres, 40 % comme le Mexique, les États-Unis, l’Égypte.
Il s’agit bien d’obésité (IMC supérieur ou égal à 30) et pas seulement de surcharge pondérale (IMC supérieur ou égal à 25).
Revenons à notre pays où la progression est régulière depuis une cinquantaine d’années : 1970, 25 % de la population en surpoids, obésité, 4 à 5 % ; 1998, 30 % de la population en surpoids, obésité 8,5 % ; 2023, 47 % en surpoids, obésité 17 %.
Plus les courbes grimpent, plus le nombre de maladies chroniques causées par le surpoids augmente au sein des populations
Les statistiques prévisionnelles de l’OMS sont alarmistes
Alarmistes surtout parce que l’obésité est un incontestable facteur de risque favorisant la survenue plus précoce d’un très grand nombre de pathologies. Et c’est là le véritable problème ; plus les courbes grimpent, plus le nombre de maladies chroniques causées par le surpoids augmente au sein des populations.
Hypertension artérielle, diabète de type 2, maladies cardiovasculaires (infarctus, AVC), apnée du sommeil, arthrose (genoux, hanches), certains cancers (colon, foie, pancréas, sein post-ménopause) sont clairement liés au surpoids, stéatose hépatique non alcoolique, troubles psychiques : dépression, isolement, baisse de l’estime de soi. Le train est déjà en marche depuis de nombreuses années. L’évolution se fait de manière insidieuse. L’obésité est fondue et banalisée dans nos quotidiens. L’OMS la qualifie à juste titre de « pandémie silencieuse ».
Des répercussions mondiales !
Compte tenu de ces forts pourcentages d’obésité, un très grand nombre de patients, (ils se comptent en millions dans chaque pays), sont traités pour des maladies qu’ils n’auraient pas eues s’ils n’avaient pas été en surpoids. Cela engendre des coûts médicaux, économiques considérables, affectant à la fois les individus et la société. Tout ceci survient à une époque, où, en tout cas chez nous, on ne cesse de nous parler du déficit généré par les dépenses de nos gouvernements successifs… Les causes du phénomène étant plus sociétales qu’individuelles, il faut bien sûr, se garder de toute stigmatisation. Mais il est temps de cesser de se voiler la face, autant qu’il est urgent d’agir.
Des réponses qui semblent insuffisantes
Face à cette réalité alarmante, quelles réponses ont été mises en place ? Pourquoi semblent-elles insuffisantes ? Observons comment est géré ce vaste problème de l’obésité et des maladies induites par le surpoids. En premier lieu, l’industrie pharmaceutique apporte des médicaments que les médecins prescrivent lorsqu’ils détectent ces pathologies induites. C’est bien sûr ce qu’attendent les patients. Sur un plan commercial, pour l’industrie pharmaceutique, c’est une aubaine. Mais sur le fond, si on réfléchit un peu, la démarche manque de logique, car on traite les conséquences avant d’essayer de traiter les causes.
Puis, il y a l’aide apportée sur un mode personnalisé par les diététiciennes (18 000 en France) et les médecins nutritionnistes (2 000). Ensuite, il faut ajouter la multitude des régimes et protocoles proposés sur internet pour perdre du poids. Enfin, arrivent les mesures gouvernementales, programmes d’information sur les dangers du surpoids (comme le Programme national nutrition santé en 2001), de l’obésité des enfants, taxes sur les aliments, sucrés, salés, etc.
Peut-on inverser les courbes ?
Maintenant, la question essentielle est la suivante : avec tous ces acteurs et toutes ces mesures, peut-on espérer inverser les courbes ? Ici, il faut se rendre à l’évidence : les moyens utilisés ne sont pas à la hauteur pour la simple raison que s’ils l’étaient, les courbes de surpoids s’infléchiraient. Or, elles progressent !
Alors, face à ce constat, que faut-il faire ? Continuer naïvement de se satisfaire de ce bouclier à l’efficacité douteuse, ou repenser complètement notre approche ?
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