Les transports sanitaires rassemblent 5 200 entreprises, 56 000 salariés, plus de 14 000 véhicules sanitaires légers (VSL) et 13 500 ambulances. À l’heure où le gouvernement prône une rigueur budgétaire accrue sur les dépenses maladie, la Fédération nationale des transports sanitaires (FNTS, 1 000 entreprises) appelle au développement du covoiturage sanitaire, qui selon elle permettrait d’économiser 500 millions d’euros par an.
LE QUOTIDIEN : Vous militez pour le développement du transport sanitaire en covoiturage. Pourquoi ?
THIERRY SCHIFANO, président de la FNTS : Le covoiturage existe depuis une trentaine d’années, en accord avec l’assurance-maladie, qui pratique des abattements incitatifs sur le transport - de 25 % pour deux patients covoiturés et 40 % pour trois. Prenons l’exemple d’un transport facturé 10 euros. Trois personnes véhiculées dans trois VSL coûteront 30 euros à la Sécu mais trois personnes covoiturées dans un VSL reviendront, après abattement, à 18 euros. Dans la vraie vie, le gisement d’économies du covoiturage est tout aussi évident : un transport remboursé coûte en moyenne 40 euros en taxi, 32 euros en VSL et 19 euros en covoiturage.
D’après la Cour des comptes, les dépenses de transport prises en charge par l’assurance-maladie se sont élevées en 2010 à 3,5 milliards d’euros pour 65 millions de trajets.
Le covoiturage ne représente que 13 % de cette dépense. D’après nos calculs, augmenter ce taux à 60 % permettrait à l’assurance-maladie d’économiser 500 millions d’euros par an.
Des expérimentations locales de covoiturage sanitaire ont-elles déjà eu lieu ?
En Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA), 15 établissements publics et privés – dont les hôpitaux de Martigues et de la Ciotat – ont développé depuis des années une politique de covoiturage, en partenariat avec les transporteurs et les patients. Ainsi, à Aix-en-Provence et à Marseille, les Feuillades, Rosemond et la Provençale, trois cliniques de soins de suite et de réadaptation ont réussi à « économiser » près d’un million de kilomètres à eux trois, soit 163 000 euros en moyenne annuelle, en privilégiant le covoiturage sanitaire !
Après l’agence régionale de santé PACA, les ARS du Languedoc-Roussillon, de Poitou-Charentes et de Midi-Pyrénées se sont saisies du dossier. Il faut passer à la vitesse supérieure.
Attention toutefois à ne pas confondre covoiturage structuré et covoiturage sauvage. Nous prônons le développement d’un dispositif national accessible à tous les patients mais toujours avec l’aval des médecins, sans qui rien n’est possible.
La priorité doit porter sur l’hémodialyse, la rééducation fonctionnelle, la chimiothérapie et la radiothérapie. Les pathologies chroniques liées à ces traitements représentent 80 % de la dépense en transport assis de l’assurance-maladie.
Quels sont les freins au développement du covoiturage sanitaire ?
Le manque d’organisation de la filière de soins et les difficultés du secteur du transport sanitaire, inhérentes à des contraintes économiques qui n’ont rien de conjoncturelles, posent problème. C’est pour cela que nous ne nous contentons pas de demander au gouvernement une revalorisation de nos tarifs.
À ce stade, c’est toute l’organisation de la prise en charge véhiculée du patient qu’il faut revoir. Le covoiturage permet d’améliorer les marges des entreprises. Aujourd’hui, notre taux de « remplissage » oscille entre 45 % et 50 % de notre activité. Quand on ne perd pas la moitié de son temps à attendre devant un hôpital ou une salle de consultation, on roule à vide.
Nous avons obtenu un rendez-vous au ministère de la Santé il y a quinze jours. Marisol Touraine est donc au courant de notre démarche. La balle est dans son camp.
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