Contrairement à l’hôpital qui bénéficie du programme de médicalisation des systèmes d’information (PMSI), le secteur ambulatoire reste pauvre en données sur la morbidité des patients traités en médecine de ville.
Cette connaissance serait pourtant pertinente pour adapter les pratiques des médecins à une patientèle vieillissante, davantage sujette à la polypathologie, mais aussi pour développer la recherche sur les services et parcours de santé.
À cet effet, l’Irdes (1) publie une étude qui teste la faisabilité du rapprochement de données médicales (provenant de l’Observatoire de médecine générale - OMG) avec des données de remboursement (issues du système national d’information inter-régimes de l’Assurance-maladie ou Sniiram). La base de l’OMG renseigne sur les données cliniques et les pratiques des médecins : elle concerne l’ensemble des patients ayant consulté au moins une fois un des 30 médecins généralistes retenus pour le test en 2008. La seconde base (SNIIRAM) fait état des remboursements.
L’étude révèle d’abord la faisabilité technique du chaînage des données de l’OMG et du Sniiram. Près de 80 % des 37 992 patients de l’OMG et des 35 730 patients du Sniiram ont pu être appariés, soit 29 088 patients et 89 211 séances. La méthode est donc efficace pour chaîner des données médicales de ville avec les données médico-administratives. Le procédé « offre de nouvelles pistes de recherche telles que la comparaison des prescriptions (médicaments et actes) effectuées par les médecins avec les médicaments remboursés aux patients (...) ou l’analyse des tableaux de patients polypathologiques en termes de parcours de soins et de polyprescription », peut-on lire.
Meilleur repérage des pathologies chroniques
Pour mesurer l’intérêt du croisement de ces données, les auteurs ont comparé les populations identifiées par un code ALD diabète ou hypertension artérielle dans le Sniiram, et celles qui ont consulté pour ces pathologies, recensées par l’OMG.
L’étude conclut à une amélioration du repérage de ces pathologies chroniques grâce à l’appariement. Par exemple, le croisement des sources permet d’identifier 12 % de patients qui ont eu un résultat de consultation diabète mais ne sont pas repérables dans le Sniiram (n’étant ni déclarés en ALD ni bénéficiaires de traitement antidiabétique remboursé dans l’année). De même, 12 % des patients souffrant d’hypertension artérielle passent à travers les mailles du Sniiram.
Sur ces bases, les auteurs demandent un soutien institutionnel et professionnel pour constituer - à terme - une base de données de 1 000 à 2 000 médecins généralistes et 1 à 2 millions de patients. Objectif : soutenir par la recherche la montée en charge progressive de la médecine générale universitaire.
(1) Institut de recherche et documentation en économie de la santé
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