Journées du patrimoine, les 17 et 18 septembre

Voyages, voyages... dans le monde de la santé

Publié le 15/09/2011
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IMAGINEZ 793 bocaux de verre remplis de substances végétales, minérales et animales venues des cinq continents. Vous n’avez sûrement jamais vu d’yeux d’écrevisse (des concrétions), d’os de cœur de cerf ni de sang de dragon et ne savez pas à quoi ressemblent les racines de fraisier, de fenouil, d’année ou de bryone. Tout cela faisait pourtant partie de la pharmacopée du XIXe siècle et constitue le droguier Menier, une exceptionnelle collection présentée pour la première fois au public dans les locaux de l’Ordre national des pharmaciens.

Menier comme le chocolat du même nom, aujourd’hui sous la bannière Nestlé. Menier, Jean Antoine Brutus (1795-1853), pharmacien surnuméraire dans les armées napoléoniennes et fondateur de la dynastie. La préparation du cacao, aliment de Dieu pour les Aztèques, dont 13 variétés sont présentées faisait partie des activités de sa maison de droguerie où les pharmaciens pouvaient s’approvisionner en poudre de toutes sortes. Les échantillons du droguier servaient à présenter la gamme étendue des produits de la maison. Les mentions de leur provenance (Nouveau Monde, par exemple) sont autant d’invitation au voyage. Le droguier vient de faire l’objet d’une thèse : 1/3 des substances sont toujours répertoriées dans la pharmacopée actuelle.

Menier aussi, comme l’hôtel où le CNOP est installé depuis les années 1970, lorsqu’il a fusionné l’hôtel du 4, avenue Ruysdaël avec celui du 6. Les bâtiments historiques ne sont d’ailleurs pas le moindre intérêt de ces premières portes ouvertes (samedi et dimanche de 13 à 18 heures), avec le pavillon normando-mauresque et l’escalier vénitien installé par Gaston Menier (petit-fils de Jean-Antoine) à la fin du XIXe siècle.

Médecins voyageurs.

Non loin de là, au 7, avenue Velasquez, le musée Cernuschi, spécialisé dans l’art et archéologie de la Chine antique, a choisi de rendre hommage à Victor Segalen, médecin, voyageur et écrivain. C’est en 1910 que ce médecin de la marine, devenu écrivain et interprète, est détaché en Chine. Fasciné, il y reviendra à plusieurs reprises dans le cadre de missions archéologiques. On lui doit notamment la découverte de la statue la plus ancienne de la statuaire chinoise et une étude des sépultures de la région de Nankin. Outre plusieurs conférences et lectures, seront exceptionnellement présentés au public des estampages de stèles chinoises datant de près de 2 000 ans et ayant appartenu à Segalen, offertes au musée en 1914. Segalen entretint en effet une correspondance suivie avec Henri d’Ardenne de Tizac, directeur du musée de 1905 à 1932.

On ne dira jamais assez le rôle important joué par les médecins voyageurs dans la constitution des herbiers au XVIIIe siècle et des collections ethnographiques au XIXe et au XXe siècles. Ces médecins souvent militaires ou coloniaux, observateurs occasionnels ou formés à l’anthropologie, dont les dons se trouvent aujourd’hui au musée du Quai Branly.

Les établissements et musée participant habituellement aux journées du patrimoine ont décliné à foison le thème du voyage. Au centre hospitalier Sainte-Anne, à Paris, une conférence explore « Voyage et Folie ». À l’hôpital de Seurre (toujours en activité), un parcours permet au visiteur de déambuler dans les salles du musée en assistant à différentes saynètes. Ballades dans les jardins de l’hôpital de Saint-Maurice,

carnet de voyage de l’herboriste à l’hôpital Saint-Laurent de Châlons-sur-Saône, découverte des herbiers de l’université Claude-Bernard-Lyon 1 (2 250 m2 de collections historiques de botaniques et de mycologie), promenade botanique au centre hospitalier de Rouffach, etc.

L’hôpital à roulettes

Mention d’originalité décernée au parcours proposé par le musée de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (réouverture partielle au public à partir du 20 septembre) sur le thème de l’hôpital à roulettes*. La roue n’est-elle pas le signe de l’activité incessante de l’hôpital ? Tous les objets, de 1880 à la fin du XXe siècle, sortis des réserves et montrés dans cette exposition sont montés sur roulettes : lits, tables, brancards, fauteuils, chariots, appareils d’examens... L’hôpital, ça roule et les équipes elles-mêmes y sont en rotation.

* Animations et ateliers pendant les deux jours, 47 quai de la Tournelle, Paris 5e.

Tout le programme sur le site http://www.journeesdupatrimoine.culture.fr/

MARIE-FRANÇOISE DE PANGE

Source : Le Quotidien du Médecin: 9004