J-3 avant les hostilités. C’est sur la place parisienne Denfert-Rochereau que des milliers de professionnels de santé entameront ce dimanche, vers 14 heures, une marche nationale unitaire de protestation contre le projet de loi de santé.
Si le parcours précis reste à officialiser ce jeudi par la Préfecture de police, la ligne d’arrivée ne variera pas. Les professionnels se masseront sous les fenêtres de Marisol Touraine.
Consciente des enjeux, la ministre de la Santé recevra différentes délégations. C’est dans ce climat orageux que son projet de loi sera examiné par la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, à partir de mardi prochain, 17 mars.
Toutes générations
Lancée d’abord par les internes (ISNI) et les chefs de clinique (ISNCCA), la mobilisation a agrégé près de 60 syndicats de libéraux de santé représentatifs, une forme de prouesse dans l’univers morcelé du secteur.
SOS médecins mais aussi les spécialistes des cliniques (SYMHOP) ou encore les pharmaciens de l’USPO sont les derniers ralliés. La Fédération de l’hospitalisation privée (FHP) appelle également à manifester.
Soutien de taille, le Centre national des professions libérales de santé (CNPS, 32 organisations) donne encore plus de poids à la fronde. L’Union nationale des professionnels de santé (UNPS) décidera aujourd’hui d’un éventuel appel à fouler le pavé. Quelques (rares) renforts viendront aussi de l’hôpital (radiologues du SRH). Côté patients, une petite centaine de vapoteurs devrait jouer des coudes.
Le Syndicat de la médecine générale (SMG, classé à gauche) a refusé de rejoindre un mouvement jugé « corporatiste ». Sans surprise, les médecins salariés des centres de santé (USMCS), favorables à la généralisation du tiers payant, ne défileront pas.
Casse-tête logistique
Derrière la belle unité des libéraux, les revendications divergent. La Préfecture a reçu pas moins de quatre déclarations distinctes pour un même parcours. En début de semaine, la question de la place exacte de chaque délégation n’était pas finalisée, objet de longues tractations.
La Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), MG France et les jeunes médecins favorables à la réécriture de la loi s’aligneront - par région - derrière la bannière consensuelle de tête « Tous unis pour la santé de demain, non au projet de loi de santé ». Dans les rangs, promet-on, pas de vagues, pas d’attaques personnelles mais plutôt des slogans génériques (non aux réseaux de soins mutualistes, au tiers payant généralisé...).
Devrait suivre « Le mouvement pour la santé de tous », aréopage de 40 syndicats dont le Syndicat des médecins libéraux (SML), la Fédération des médecins de France (FMF), les chirurgiens du BLOC et les cliniques, plus vindicatifs et partisans du retrait total du texte. Une quarantaine de véhicules de « SOS » mais aussi les adhérents de l’Union française pour une médecine libre (UFML) devraient fermer le ban.
41% des médecins dans la rue ?
En début de semaine, Marisol Touraine a tenté de déminer le terrain en proposant des aménagements sur les points les plus conflictuels de sa loi (voir page 4). Mais ces annonces n’ont guère changé la donne. En toute état de cause, aucune organisation n’a fait marche arrière. La manif du 15 mars peut-elle faire bouger les lignes ? Ce sera en tout cas un test grandeur nature de la capacité de résistance de la profession.
Selon un sondage Ifop pour le « Quotidien », 41 % des médecins ont déclaré leur intention de manifester (certainement ou probablement). Les unions régionales de professionnels de santé (URPS) affrètent trains et bus. Sur le site de l’UFML, « Printemps de la Santé », le transport est organisé par un voyagiste partenaire. Mardi, la FMF recensait 2 000 manifestants (parmi ses adhérents), les internes parisiens (SIHP) en comptaient 1 800 via Facebook. L’ISNI veut croire que 10 000 jeunes médecins seront dans la rue.
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