DIDIER MIGAUD a été nommé principalement parce qu’il est compétent et qu’il l’a démontré à la tête de la Commission des finances de l’Assemblée, poste réservé à un membre de l’opposition par la Constitution récemment amendée. En revanche, la présidence de la Cour des comptes ne fait pas l’objet d’une disposition de la Loi fondamentale. Il s’agit donc bel et bien d’une démarche d’ouverture, ce que le Premier ministre, François Fillon, a répété à l’envi en rappelant que M. Sarkozy est et reste le président de tous les Français. La désignation de M. Migaud a lieu dans un contexte électoral abîmé par des polémiques qui n’élèvent pas le débat. Le geste du président dans ce climat quelque peu passionnel n’en a que plus de valeur. Certes, on ne manquera pas de rappeler que Philippe Séguin, issu du gaullisme, ne ménageait guère le pouvoir de son vivant. Aussi bien, délivré de ce censeur efficace, le chef de l’État aurait-il pu le remplacer par un homme plus conciliant. Il n’en a rien fait, sans doute parce que, au moment où il tente d’arracher une ou deux régions à la gauche en flattant l’électorat d’extrême droite, il tient à rappeler que sa politique d’ouverture vers la gauche se poursuit.
Des affinités.
Comme ils étaient contraints et forcés d’applaudir à la nomination de M. Migaud, les socialistes ont cru bon de se rattraper en dénonçant celle de M. Charasse au Conseil constitutionnel. Ils ne sont pas meilleurs joueurs que leurs collègues de l’UMP, ceux, notamment, qui sont allés chercher dans les fichiers de police le casier judiciaire d’un candidat de la gauche. Le PS nie à M. Charasse la qualité de socialiste et il est vrai que le truculent sénateur n’a jamais caché la sympathie que lui inspire le président, et qu’il a pris ses distances avec les enfants de Mitterrand dont aucun, à ses yeux, n’a brandi le flambeau assez haut.
L’OUVERTURE NE SERAIT UN GADGET QUE SI ELLE ÉTAIT FACILE À PRATIQUER
La gauche lui reproche sa liberté, de la même manière qu’elle a sanctionné par une suspension provisoire les candidats regroupés sous le panache de Georges Frêche dans le Languedoc-Roussillon. Sévir, tancer, punir, il leur reste un vieux fond de l’instituteur sévère. Il se trouve simplement que M. Charasse est réaliste, qu’il a son franc-parler et que, pour ce qui concerne la gestion des affaires, il ne s’embarrasse guère de ces dogmes dont on n’est pas sûr que les socialistes se sont vraiment débarrassés.
À quoi il faut ajouter, pour faire bonne mesure, que, bien entendu, l’ouverture ne saurait atteindre des idéologues purs et durs qui, de toute façon, ne songent pas une minute à travailler avec ce gouvernement. Tous ceux qui, comme Bernard Kouchner, Fadela Amara ou Martin Hirsch, ont rejoint M. Sarkozy, sont plus des esprits libres et des personnes soucieuses d’uvrer plus vite et plus tôt pour la société, que des personnages confinés dans la discipline de parti. Ils ont payé leur choix assez cher, car ils ont été accablés de sarcasmes. Pour ne prendre qu’un exemple, celui de Martin Hirsch, même le revenu de solidarité active, qui aurait pu être une mesure socialiste, n’a pas trouvé grâce aux yeux de l’opposition. Pourquoi ? Parce qu’il ne faut reconnaître aucune vertu à l’adversaire.
La fraîcheur de 2007.
D’autres, moins engagés que les chefs de l’opposition, retrouveront dans la nomination de M. Migaud et de M. Charasse, un peu de la fraîcheur du Sarkozy de 2007, heureux d’insuffler un peu de générosité dans son triomphe, mais dont la démarche fut accueillie avec la même sévérité qu’aujourd’hui. En trois ans, rien n’a vraiment changé : aux lamentations de Patrick Devedjian, qui jadis souhaitait que l’ouverture allât jusqu’à l’UMP, répond l’écho de Lionnel Lucca, député UMP des Alpes-Maritimes, qui juge « stupide » la nomination de M. Migaud et s’étonne de ce que le pouvoir ne trouve « personne de compétent à droite ». Ce qui montre bien que l’ouverture est un processus difficile qui déplaît aux membres de la famille de M. Sarkozy, désireux, comme les autres, d’exercer de temps en temps des responsabilités plus importantes. Une fois de plus, le président a pris le risque, en pleine campagne électorale, de mécontenter un très grand nombre d’amis. Comme deux centristes, Jacques Barrot, ex-commissaire européen, et le sénateur Hubert Hænel, ont été nommés eux aussi au Conseil constitutionnel, la colère gronde à l’UMP, tandis que l’ineffable Arnaud Montebourg, qui a toujours dénoncé l’ouverture mais semble en réclamer davantage, déclare que le Conseil « est en perdition », sous le prétexte qu’il n’a pas de membres de gauche, M. Charasse étant, l’on suppose, disqualifié. Est-ce bien sérieux ?
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