Sur les raisons d’aller, ou pas, manifester, chacun a sa petite idée. « Manifester est une liberté constitutionnelle », commence prudemment le Dr Gérard Bapt. Le député socialiste de Haute-Garonne juge que Marisol Touraine a apporté « des réponses claires aux inquiétudes des médecins » vis-à-vis du tiers payant, de l’organisation territoriale des soins, et du service public hospitalier (voir page 4).
L’UMP n’est pas aussi affirmatif. « Nous n’avons pas la preuve que le tiers payant est aussi sûr que le prétend Marisol Touraine, estime Arnaud Robinet, député de la Marne, et les annonces hasardeuses de la ministre ne vont pas éteindre le feu. Je comprends et partage l’inquiétude des manifestants ». Le député UMP de la Marne ironise sur le report de la généralisation de la pratique du tiers payant à fin 2017 : « Comme par hasard, ça tombe après les prochaines élections présidentielles ».
Au FN, le Dr Joëlle Mélin, conseillère Santé de Marine Le Pen, voit au moins une bonne raison d’aller manifester : « le tiers payant s’imposera, un peu plus tard que prévu, et un peu édulcoré, mais il s’imposera. C’est la mort annoncée de l’exercice libéral », pronostique-t-elle. Pourtant, assure-t-elle, « il existe des alternatives monétiques à ce dispositif ».
Les motivations et le profil des manifestants sont l’objet de spéculations.
Pas de recul, affirme le PS
Du côté du parti socialiste, on relativise les conséquences directes de la mobilisation sur l’avenir de la loi. Pour le secrétaire national du PS, Marc Mancel, défenseur de la ligne de Marisol Touraine, « la manifestation du 15 mars ne fera pas reculer le gouvernement ». Le projet de loi sera bien examiné fin mars, même si elle est aménagée par des amendements gouvernementaux et parlementaires. Malgré l’appel à l’unité, Gérard Bapt observe que bon nombre de médecins défileront dimanche pour des motifs étrangers au projet de loi, comme la démographie médicale ou la rémunération.
Se risquant à l’analyse historique, Joëlle Mélin estime que « Marisol Touraine est dans la continuité de ses prédécesseurs au ministère de la Santé, Douste-Blazy et de Bachelot. Elle ficelle la santé au fur et à mesure, et la conduit aux portes de la privatisation ».
Arnaud Robinet observe que la manifestation a vocation à accueillir tous les professionnels de santé. « Dimanche, il n’y aura pas que des médecins, pronostique-t-il, tout le monde est concerné par ce projet de loi élaboré sans concertation ». Faisant allusion à la loi Macron, il estime que « le gouvernement a un vrai problème avec les professions libérales ».
Gérard Bapt ne participera pas à la manifestation, bien sûr. Joëlle Mélin et Arnaud Robinet, opposés au projet de loi, ne devraient pas défiler non plus. Question d’agenda.
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