LE PROJET APHEKOM (Improving Knowledge and Communication for Decision Making on Air Pollution and Health in Europe), coordonné par l’Institut de veille sanitaire et réalisé avec le soutien financier du programme européen d’action communautaire dans le domaine de la santé publique, a été lancé il y a 3 ans afin de fournir des données et des outils sur l’impact de la pollution en Europe.
Les travaux ont été menés, entre juillet 2008 et mars 2011, par plus de 60 scientifiques dans 25 villes de 12 pays, soit environ 39 millions d’habitants. Les premiers résultats et principaux enseignements de l’étude ont été présentés et discutés lors d’une réunion finale organisée à l’Institut de veille sanitaire. Ils montrent en particulier qu’une baisse de l’exposition aux particules fines, à un niveau de 10 µg/mm3 de moyenne annuelle, la norme conseillée par l’OMS, se traduirait par une augmentation de l’espérance de vie des personnes de 30 ans et plus. Le gain varie selon les lieux et le niveau de pollution de départ mais peut atteindre 22 mois de vie gagnée. Un habitant de Budapest, par exemple, gagnerait 22,1 mois d’espérance de vie tandis qu’un Lillois, un Parisien, un Lyonnais ou un Strasbourgeois bénéficierait d’environ 16 mois supplémentaires (respectivement 16,6, 16,4, 16,5 et 16,6) alors qu’un Bordelais ou un Rouennais, plutôt 15 (15,7 et 15,3), un Havrais ou un Toulousain plutôt 14 (14,5 et 14,2). Les gains les plus faibles concernent Dublin et Stockholm (10,5 et 9,4 mois de vie gagnée).
En termes de mortalité, avec des niveaux de concentration en particules fines supérieurs à la norme OMS, le nombre de décès annuels liés à la pollution est estimé à 19 000, dont plus de 15 000 par maladies cardio-vasculaires. Le respect des valeurs OMS conduirait à une économie réalisée sur les dépenses de santé de plus de 31 milliards d’euros.
Asthme et BPCO.
Les conséquences d’une pollution aux particules fines sont d’autant plus importantes que leur concentration est élevée, comme c’est le cas à proximité des rues et des routes à fort trafic. Les chercheurs ont mesuré l’impact à long terme sur la survenue de maladies chroniques d’une exposition au trafic routier dans 10 des 25 villes du projet APHEKOM. Ce volet de l’étude montre que 50 % des habitants des dix villes résident à moins de 50 mètres d’une voie empruntée chaque jour par plus de 10 000 véhicules. L’exposition à cette pollution est responsable de 10 à 30 % des nouveaux cas d’asthme chez l’enfant, des bronchopneumopathies chroniques obstructives (BPCO) et maladies coronariennes chez les adultes de 65 ans et plus. De même, l’exposition au trafic est responsable de 15 à 30 % des exacerbations d’asthme chez l’enfant, des aggravations des BPCO et des infarctus et accidents vasculaires cérébraux.
Ce rôle dans l’exacerbation des maladies chroniques « est beaucoup plus important que les estimations précédentes ne le laissaient supposer », soulignent les chercheurs. Le coût économique est, lui, estimé à 310 millions d’euros par an (300 pour la prise en charge des maladies chroniques ; 10 pour les exacerbations). Ces résultats apportent des arguments en faveur de la mise en place « urgente » de politiques et plans d’urbanisation susceptible de réduire l’exposition des populations à proximité des réseaux routiers.
Ce d’autant que ce type de politique environnementale a déjà fait la preuve de son efficacité. Les législations adoptées en Europe, qui visaient à réduire les niveaux de soufre dans les carburants, se sont traduites, selon les chercheurs, par un nombre de morts prématurées évitées de 2 200 et une économie de 192 millions dans 20 des 25 villes étudiées.
Ces résultats devraient aussi aider les professionnels appelés à mieux conseiller les personnes vulnérables et l’ensemble des citoyens à mieux protéger leur santé. Ils sont disponibles sur www.aphekom.org.
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