SI L’ÉTAT DE SANTÉ des Français apparaît globalement bon, la mortalité prématurée (avant 65 ans) reste en France l’une des plus élevées de l’Union Européenne. Elle représente environ 20 % de l’ensemble des décès et concerne des hommes pour 70 % d’entre eux, constate la Direction de la recherche des études de l’évaluation et des statistiques (DREES) dans son dernier rapport sur l’état de la santé de la population en France. Tumeurs (41,3 %), morts violentes (15,4 %) et maladies de l’appareil circulatoire (13,4 %) constituent les principales causes initiales de décès avant 65 ans. Avec 3,7 décès d’enfant de moins d’un an pour 1 000 enfants nés vivants en 2010, le taux de mortalité infantile français se place à un niveau inférieur à la moyenne de l’Union européenne mais ne recule plus depuis cinq ans. Chez les moins de 15 ans, le taux de mortalité s’élève à 2,2 décès pour 100 000 et reste deux fois plus élevé pour les garçons que pour les filles. Les accidents de la vie courante étant l’une des principales causes de décès à ces âges. La part de mortalité évitable dans la mortalité prématurée s’élève à 36,6 % chez les hommes et 23,2 % chez les femmes. « En 2007, parmi les 27 pays de l’Union européenne, c’est en France que l’on observe chez les hommes le taux de mortalité évitable le plus élevé après les nouveaux adhérents d’Europe central, les Pays baltes et la Belgique », note la DREES. Environ un tiers des décès survenant avant 65 ans sont associés à des causes « évitables par la réduction de comportements à risque » (tabagisme, alcoolisme, conduites dangereuses, suicide…).
74 des 100 objectifs de santé publique.
Dans son rapport, la DREES s’est penchée sur le suivi des indicateurs associés à 74 des 100 objectifs de la loi de santé publique de 2004. En matière de suicide, deuxième cause de mortalité prématurée évitable, l’objectif de réduction de 20 % du nombre des suicides à l’horizon 2009 s’est avéré intenable. Ce nombre n’ayant décru que de 5 %, entre 2000 et 2008 pour s’établir aujourd’hui à près de 10 500 cas annuels. De même, contrairement à l’objectif de baisse de 20 % du nombre de personnes présentant des troubles bipolaires, dépressifs ou névrotiques, la prévalence de l’épisode dépressif caractérisé est restée stable entre 2005 et 2010, touchant environ 10 % des femmes et 6 % des hommes. En revanche, l’objectif de réduction du nombre de décès et de séquelles lourdes secondaires à un traumatisme par accident de la circulation a bénéficié des actions conduites par les pouvoirs publics depuis plusieurs années, à l’origine d’une baisse de plus de 20 % des décès sur les routes sur la période 2005-2009. Dans le domaine des accidents de la vie courante des enfants de 15 ans, le taux de mortalité a diminué chez ces jeunes entre 2004 et 2008 (-11 %), mais bien loin de l’objectif de - 50 % de la loi de 2004. S’agissant de l’alcool, l’objectif de la loi de santé publique qui visait en 2008 une consommation annuelle moyenne d’alcool pur de 11,5 litres par habitant âgé de 15 ans ou plus n’est toujours pas concrétisé (12,4 litres en 2009). En outre, la prévalence de la consommation d’alcool à risque inscrite dans la loi de 2004 n’a pas diminué, passant de 36,6 % à 37,2 % entre 2005 et 2010. « Et on observe chez les plus jeunes un accroissement des usages à risque chez les hommes comme chez les femmes », souligne la DREES. De plus, l’objectif de réduction de la prévalence du tabagisme quotidien fixé dans la loi de 2004 (de 33 % à 25 % chez les hommes et de 26 % à 20 % chez les femmes à l’horizon 2009) n’est toujours pas atteint en 2010 (26 % des femmes et 32,4 % des hommes). Autre facteur de risque de mortalité prématuré évitable, l’obésité continue de progresser, notamment chez les femmes malgré l’objectif fixé en 2004 de réduction de 20 % la prévalence du poids et de l’obésité chez l’adulte. Actuellement en France, la moitié des adultes sont en surcharge pondérale, parmi lesquels un sur six est obèse. Et la prévalence de l’obésité chez les 15-24 ans poursuit sa progression, passant de 1,5 % en 1997 à 4 % en 2009. Par ailleurs, avec l’augmentation continue de l’âge à la maternité, le nombre de grossesse à risque est à la hausse et les décès maternels évitables restent trop fréquents poursuit la DREES. Le taux officiel de mortalité maternel s’établit à 8,1 pour 100 000 naissances vivantes en 2007-2008, bien au-delà de l’objectif de 5 décès pour 100 000 de la loi de santé publique de 2004. Dans un rapport publié en février dernier sur la prévention sanitaire (« le Quotidien » du 8 février 2012), des députés ont pointé les « résultats décevant » de la loi de 2004 du fait de « priorités mal identifiées car trop nombreuses », préconisant une nouvelle loi de santé publique quinquennale plus réaliste et donc plus resserrées en termes d’action à mener.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation