UNE FOIS DE PLUS, les représentants de l’UMP sur les plateaux de télévision, dimanche soir, se sont trompés de méthode de communication. Il était vain de relativiser le succès de la primaire par un calcul qui la réduit à 4 ou 5 % de l’électorat, ce qui est vrai en chiffres absolus, mais faux quand il s’agit d’une innovation politique et d’une expérience qu’aucun parti en France, jusqu’à présent, n’avait osé tenter. Vain d’imaginer les déchirements de cette semaine entre des leaders socialistes contraints de modifier leur discour et leurs programmes pour obtenir l’adhésion de ceux qui n’ont pas franchi le premier tour. Vain de ne pas reconnaître l’impact de la primaire sur la vie politique du pays et sa généralisation probable, à terme, à l’ensemble des partis.
Un stimulant pour la droite.
Il aurait suffi à la droite de dire que les sondages, d’une certaine manière, ont été démentis. S’ils ont prévu la victoire de Hollande et d’Aubry, ils n’ont pas décelé que l’écart entre les deux allait se réduire ; ni que la percée de Montebourg, qu’ils avaient évaluée à 10 %, était bien plus forte ; ni que Ségolène Royal allait s’effondrer. Que le scrutin était, certes, fondamentalement anti-sarkozyste, mais seulement dans le camp du PS ; qu’il déplaçait le centre socialiste vers sa gauche, ce qui peut se traduire par un backlash à droite ; que si une partie des idées de Montebourg sur la démondialisation et la mise des banques sous tutelle, associée à des programmes aventureux comme le « contrat de génération » cher à M. Hollande ou les emplois jeunes de Mme Aubry, est adoptée, le PS, par ailleurs vivement aiguillonné par les Verts au sujet du nucléaire, risque, par les dépenses qu’il envisage, d’épouvanter cette majorité silencieuse sans laquelle aucun parti ne peut remporter des élections générales.
TOUT EST ENCORE POSSIBLE AU SECOND TOUR
Les suffrages, comme chacun sait, n’appartiennent pas à leur récipiendaire. M. Montebourg ne sera pas élu président l’an prochain, et il ne peut pas davantage négocier au nom de son pourcentage. En revanche, ceux qui l’ont désigné ont approuvé ses idées. Le problème n’est pas de savoir si la primaire envenime naturellement les rapports entre les concurrents ou complique les tractations des officines entre les deux tours, il porte sur la volonté de l’électorat. Et c’est pourquoi Mme Aubry et M. Hollande doivent tenir compte du projet de M. Montebourg. On imagine que, sans le rejoindre tout à fait sur la démondialisation, nouveau mythe contemporain, ils feront quelques propositions protectionnistes, encore que, comme l’a souligné habilement M. Hollande, on ne puisse les appliquer sans le consentement et même l’active participation de l’Union européenne, ce qui revient à les faire siennes tout en les remisant. S’il est indéniable que la crise financière et économique a mis au grand jour l’injustice d’un système manipulé par des acteurs scélérats, les remèdes suggérés ne sauraient résulter de la seule souveraineté nationale : on ne peut pas préconiser un début d’autarcie pour la France sans en indiquer aussi les très graves inconvénients, pour ne pas dire qu’elle est impossible à mettre en œuvre.
Trouver une majorité.
Le triomphe personnel d’Arnaud Montebourg repose donc sur un projet qui relève presque de l’imposture, ce que Mme Aubry et M. Hollande, dans leur désir de conduire des débats courtois, n’ont pas osé dire sur les plateaux de télévision. Il est très significatif que Jean-Pierre Chevènement, dont les idées sont proches de M. Montebourg, décèle « un vent qui se lève » à l’occasion de la primaire même si l’ancien ministre, candidat à la présidence en 2002 n’a réussi, avec les mêmes concepts, qu’à prendre assez de suffrages à Lionel Jospin pour que celui-ci fût éliminé. Il faudra beaucoup d’habileté à Mme Aubry et à M. Hollande pour feindre d’ouvrir grands leurs bras à M. Montebourg tout en ne retenant de son programme que les aspects les moins délirants. Il ne s’agit pas d’un congrès socialiste, il ne s’agit pas d’un conflit de tendances au sein de l’appareil, il ne s’agit pas de s’exprimer à l’abri d’une confortable niche dans l’opposition, il s’agit de conquérir le pouvoir et, pour y parvenir, de trouver le dénominateur commun le plus large, c’est-à-dire celui où ne peuvent pas figurer les paramètres de M. Montebourg. Tout cela serait la faute de la primaire ? Non. Il faut toujours rester en phase avec la réalité politique du pays.
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