Toutes les deux minutes, une femme meurt pendant la grossesse, l’accouchement ou ses suites, dans le monde, selon un rapport des organisations des Nations unies publié ce 23 février, qui dénonce des régressions « alarmantes » pour la santé maternelle et l'accroissement des inégalités.
« Alors que la grossesse devrait être un moment d’immense espoir, elle demeure malheureusement une expérience extrêmement dangereuse pour des millions de personnes dans le monde », déclare Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
« Ces nouvelles statistiques montrent la nécessité urgente de garantir à chaque femme un accès à des services de santé essentiels avant, pendant et après l’accouchement, et la possibilité d’exercer pleinement ses droits en matière de procréation », considère-t-il. Selon Catherine Russell, directrice générale de l’Unicef, « aucune mère ne devrait avoir à craindre pour sa vie lors de son accouchement, en particulier dans un contexte où les connaissances et les outils pour traiter les complications courantes existent ».
Ralentissement des progrès depuis 2016
En 2020, 287 000 décès sont survenus dans le monde, soit une baisse très minime, par rapport aux 309 000 décès enregistrés en 2016, lorsque les objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies sont entrés en vigueur. À noter, les données prises en compte dans le rapport s'arrêtant en 2020, l'impact du Covid-19 sur la santé des mères n'a pu être évalué, et il est à craindre que la pandémie et la crise économique n'assombrissent les perspectives, lit-on.
Depuis 2000 (où le nombre de décès était de 446 000), la baisse du taux mondial de mortalité maternelle n'est que de 34,3 %, avec des progrès notables jusqu'en 2015, mais une stagnation depuis.
70 % des décès concentrés en Afrique
Le taux de mortalité maternelle a augmenté entre 2016 et 2020 dans les régions Europe/Amérique du Nord, à hauteur de 17 % et en Amérique Latine/Caraïbes, de 15 %. Les plus fortes hausses sont à déplorer au Venezuela, suivi de Chypre et de la Grèce (où le taux a doublé en 20 ans, jusqu'à respectivement 8 et 68 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes), et aux États-Unis (jusqu'à 21 pour 100 0000). À l’inverse, l’Australie et la Nouvelle-Zélande ainsi que l’Asie centrale et du Sud, ont connu des baisses significatives (de 35 % et 16 % respectivement) de leurs taux de mortalité maternelle au cours de la même période, tout comme 31 pays à travers le monde.
Globalement, les décès maternels sont concentrés dans les régions les plus pauvres et dans les pays touchés par des conflits. L'Afrique subsaharienne regroupe 70 % de la mortalité maternelle en 2020 - avec un taux 136 fois plus élevé qu'en Australie et en Nouvelle-Zélande. Dans neuf pays confrontés à de graves crises humanitaires - Yémen, Somalie, Soudan du Sud, Syrie, République démocratique du Congo, Centrafrique, Tchad, Soudan et Afghanistan - le taux de mortalité maternelle représente plus du double de la moyenne mondiale (551 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes, contre 223 à l’échelle mondiale).
Hémorragies, HTA, infections…
Les principales causes des décès maternels sont les hémorragies sévères, l’hypertension artérielle, les infections liées à la grossesse, les complications des avortements à risque et les affections sous-jacentes susceptibles d’être aggravées par la grossesse (comme le VIH/sida et le paludisme). Autant de facteurs en grande partie évitables grâce à un accès à des soins de qualité.
Mais environ un tiers des femmes ne bénéficient pas d’au moins quatre contrôles prénataux sur les huit qui sont recommandés ou ne reçoivent pas les soins postnataux essentiels, tandis que quelque 270 millions de femmes n’ont pas accès à des méthodes modernes de planification familiale. « Nous devons investir de toute urgence dans la planification familiale et combler la pénurie mondiale de 900 000 sages-femmes » exhorte la Dr Natalia Kanem, directrice exécutive de l’agence des Nations unies pour la santé sexuelle et reproductive (UNFPA), déplorant un manque de volonté politique. Faute d'une accélération des progrès pour atteindre les cibles mondiales, soit moins de 70 décès maternels pour 100 000 naissances, la vie de plus d'un million de femmes supplémentaires sera menacée d'ici à 2030.
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